«Une mesure regrettable, mais nécessaire», a commenté Stephen Harper en annonçant son plan de soutien aux filiales canadiennes de GM et de Chrysler. Les termes sont bien choisis. Les constructeurs ne méritent pas les milliards de fonds publics mis à leur disposition, mais on ne peut pas se permettre de perdre les centaines de milliers d’emplois qui dépendent d’eux. Les contribuables, donc, ont fait leur part. C’est maintenant à l’industrie de faire la sienne.
Les gouvernements canadien et américain viennent de mettre plus de 21 milliards de dollars à la disposition des dinosaures de Detroit. Et ce n’est qu’un hors-d’oeuvre. Pour sauver ces grands sauriens qui ont oublié d’évoluer, il faudra allonger des dizaines de milliards de plus. Bref, les voitures américaines risquent de vous coûter très cher, même si vous n’en achetez pas.
Ottawa et Washington ont posé des conditions pour que les fonds publics soient bien utilisés et récupérables. Ça ne sera pas suffisant. Si on veut que les constructeurs américains aient un avenir, chacun devra y mettre du sien. Surtout ceux qui dépendent de leur survie.
Aux États-Unis, la centrale syndicale UAW a ouvert la porte à d’importantes concessions sur la rémunération globale de ses membres. Et ce n’est qu’un début. L’appel à l’implication de tous les partenaires a été entendu, a indiqué pour sa part le président des Travailleurs canadiens de l’automobile samedi. Mais son insistance à souligner que les conditions des syndiqués ne sont pas responsables de la crise finit par agacer. L’heure n’est pas à la recherche de coupables, mais de solutions.
Washington exige que d’ici au 31 décembre 2009, la rémunération des syndiqués américains soit ramenée à un niveau comparable à ce qu’offrent les constructeurs étrangers établis aux États-Unis. S’ils consentent à de tels reculs, on voit mal comment ils accepteraient que leur employeur se montre plus généreux dans ses usines canadiennes. Ottawa aura déjà fort à faire pour garder les emplois de GM et de Chrysler en Ontario. Il ne faudrait pas que l’entêtement des syndiqués canadiens torpille ces efforts.
Les chefs de la direction des trois grands ont déjà promis de se contenter d’un salaire annuel de 1$ si le gouvernement aide financièrement leur entreprise. Il faudra aller plus loin que ce symbole, et mettre le reste des cadres à contribution. La logique habituelle voulant que les meilleurs éléments risquent de passer à la concurrence ne tient plus dans le contexte actuel. Les perspectives d’emploi sont assez limitées dans le secteur, et elles ne sont guère mieux dans les autres.
Les fournisseurs, qui font travailler beaucoup de monde dans l’industrie automobile, doivent aussi se préparer à renégocier leurs prix à la baisse. La chute des cours de certaines matières premières – notamment les métaux et les dérivés du pétrole – leur facilitera peut-être la tâche.
Malgré tous ces efforts, des constructeurs américains n’auront pas le choix de faire des mises à pied, d’élaguer leurs réseaux de concessionnaires et de diminuer le nombre de leurs fournisseurs. Voilà qui devrait convaincre les autres de l’urgence de négocier.
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