Americans’ Consumer Confidence at its Lowest

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Consommation – Les Américains ont le moral dans les talons

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Éric Desrosiers

Édition du mercredi 31 décembre 2008

Mots clés : moral, Consommation, Économie, États-Unis (pays)

Le moral des consommateurs américains continue de dégringoler, à l’instar du prix de leurs maisons.

L’indice de confiance des consommateurs est tombé en décembre à son niveau le plus bas depuis sa création, en 1967.

Photo: Agence France-Presse

L’état général de l’économie et de sombres perspectives d’emploi ont fait chuter ce mois-ci l’indice de confiance des consommateurs américains à son niveau le plus bas depuis sa création en 1967, a révélé hier l’institut de conjoncture privé Conference Board.

Tombé à 38,8 points en octobre, sur une échelle où l’indice 100 correspond au niveau de 1985, l’indicateur était remonté, à la grande surprise des analystes, à 44,9 points le mois dernier à la faveur de la forte baisse du prix de l’essence et du vent d’espoir soulevé par l’élection de Barack Obama à la présidence.

Les experts s’attendaient, cette fois-ci, à ce que l’humeur des consommateurs soit restée relativement égale. Ils ont encore une fois été déjoués, l’indice ayant replongé, à 38 points en décembre, encore plus bas qu’il ne l’était au pire de la crise boursière en octobre.

«Cette nouvelle érosion de notre indice de confiance des consommateurs reflète la détérioration rapide et prononcée de la situation économique qui s’est produite au cours du dernier trimestre de l’année», a commenté Lynn Franco, responsable du sondage réalisé auprès de 5000 personnes et complété le 22 décembre.

Déprime abyssale

Cette déprime de ceux à qui est normalement attribuable plus de 70 % de l’activité économique américaine tient tant à la situation actuelle de l’économie qu’aux perspectives qu’elle offre pour les prochains mois.

L’indice mesurant la situation actuelle des consommateurs s’est effondré de 42,3 points en novembre à seulement 29,4 points en décembre, niveau «proche de ceux constatés pendant les mois qui ont suivi la récession de 1990-91, a noté le Conference Board, mais pas aussi bas que ceux atteints pendant la récession de 1981-82», alors que le taux de chômage atteignait 9,7 %, contre 6,7 % actuellement.

L’indice mesurant les attentes quant à l’avenir a également baissé de 46,2 points en novembre, à 43,8 ce mois-ci. Cela s’explique notamment par le fait que la proportion des consommateurs prévoyant une dégradation de l’économie dans les six prochains mois a grimpé de 28,3 à 32,8 %, alors que ceux qui s’attendent à une amélioration ont reculé de 13,4 à 11,5 %. Le nombre de ceux qui craignent un recul de l’emploi a, quant à lui, augmenté en un mois, passant de 33,7 à 42 %, alors qu’ils sont toujours moins d’un sur dix à penser le contraire.

«Cette chute de la confiance est décourageante parce qu’elle démontre que la baisse du prix de l’essence n’a pas réussi à compenser le sentiment négatif qu’inspire la faiblesse continue à la fois du marché du travail et du marché de l’habitation», a commenté Paul Ferley. Ce «niveau abyssal de la confiance», a poursuivi l’économiste à la Banque Royale, laisse présager un repli important de la croissance économique au quatrième trimestre qui devrait s’élever à 6,1 % en rythme annuel.

Et tombe le prix des maisons

Il faut dire que les consommateurs américains ont des raisons de s’inquiéter. Il est vrai que le niveau général des prix a reculé de 1,7 % en novembre, du jamais vu depuis 1947, et que les revenus du travail continuent de progresser (+2,3 % pour le salaire hebdomadaire réel moyen en novembre). D’un autre côté, le taux de chômage, à 6,7 %, est déjà à son niveau le plus élevé en une décennie, et des économistes prédisent qu’il pourrait grimper jusqu’à 8 %, voire 10 %, au cours de 2009. Et c’est sans parler de l’état du marché immobilier.

Or, le prix des maisons s’était effondré de 18 % en un an au mois d’octobre aux États-Unis, selon la plus récente mesure de l’indice S&P/Case-Shiller dévoilé hier. «Le mois d’octobre a mené à une chute libre», a constaté David Blitzer, l’un des responsables de l’enquête portant sur les marchés immobiliers des 20 plus grands centres urbains américains. «Les prix des maisons sont revenus à leur niveau de 2004», a-t-il ajouté.

On n’avait pas vu pareil déclin depuis la création de l’indice il y a 21 ans dans au moins 14 des 20 centres urbains étudiés. Les pires chutes de prix ont été observées à Phoenix, Las Vegas, San Francisco ou encore Miami, où les maisons ont perdu près du tiers de leur valeur en 12 petits mois. Les 20 centres urbains ont accusé un recul moyen de presque 25 % par rapport au sommet atteint au milieu de l’année 2006.

«Et il est fort peu probable que nous approchions enfin du fond du baril», a prévenu hier Joshua Shapiro, économiste à la firme de consultant new-yorkaise MFR.

Un peu comme l’oeuf et la poule, cette détérioration du marché immobilier n’aide en rien à rassurer les ménages américains; or la morosité de ces derniers ne contribue qu’à faire tomber encore un peu plus bas le prix des maisons. «Celui qui pense qu’il va perdre son emploi n’achète pas de maison», a rappelé hier Steven Ricchiuto, économiste à Mizuho Securities.

Temps des Fêtes catastrophique

Les commerces sont aussi durement affectés par la situation. La saison des ventes de fin d’année s’annonce déjà catastrophique, avec un recul de 1,8 % des ventes annuelles des chaînes de magasins aux États-Unis seulement durant la semaine de Noël. Le Conseil international des centres commerciaux prévoit une baisse d’au moins 1 % en décembre, après une chute record de 2,7 % en novembre.

Les commerçants ont bien compris que les temps resteront très difficiles durant les prochains mois, a rapporté hier une autre étude de Standard & Poor’s. L’agence d’évaluation prédit que les consommateurs continueront de se tenir loin des magasins en 2009 et constate que le secteur de la distribution aux États-Unis a déjà fortement réduit ses stocks en conséquence. On prévoit cependant que des commerces comme Wal-Mart, Target et autres magasins à rabais réussiront à s’en sortir un peu mieux «grâce à un bon positionnement sur les prix et l’accent mis sur les biens de base et de consommation courante».

Les milliards de Barack

Toutes ces nouvelles données ne contribuent qu’à souligner un peu plus «l’urgence d’une action politique résolue pour renflouer l’économie», a commenté hier Brian Bethunes, d’IHS Global Insight. Tout le monde attend avec impatience le plan de relance économique de 700 à 800 milliards que, pense-t-on, le nouveau président américain Barack Obama annoncera après son entrée en fonction à la fin du mois prochain.

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