Pour sa dernière conférence de presse en tant que président, George W. Bush s’est montré fidèle à lui-même. Il a réitéré les propos tenus lors de sa tournée en Asie: l’Histoire jugera son action. Et s’il a concédé du bout des lèvres quelques regrets, Bush s’est surtout félicité d’avoir agi pour sa nation et suggère à son successeur, Barack Obama, investi le 20 janvier prochain, d’en faire de même.
“Je pense que les historiens se retourneront et seront davantage à même de juger les erreurs quand un peu de temps sera passé. L’histoire immédiate, ça n’existe pas”, a déclaré George W. Bush à l’occasion de sa dernière conférence de presse en tant que président des Etats-Unis en exercice donnée lundi à Washington. Entendre par là que l’Histoire le jugera mieux que les commentateurs politiques du moment.
S’il a concédé quelques regrets, du bout des lèvres, notamment quant à la gestion de l’ouragan Katrina qui avait dévasté la Nouvelle-Orléans en 2005, le 43e président américain s’est surtout félicité d’avoir toujours pensé à la nation en priorité. “America First”, aurait pu lui souffler le candidat malheureux à la Maison blanche, John McCain, qui en avait fait son slogan de campagne. Il a d’ailleurs conseillé à son successeur démocrate, Barack Obama, d’en faire de même. “Je ne vois pas comment je pourrais rentrer chez moi au Texas, me regarder dans la glace et être fier de ce que je vois si je permettais aux voix les plus fortes, aux critiques les plus fortes, de m’empêcher de faire ce qui me semble nécessaire pour protéger ce pays”.
“Cela n’a pas porté atteinte à notre réputation”
George Bush a longuement expliqué les raisons qui ont guidé son action durant les huit années passées à la Maison blanche, notamment sur le plan diplomatique et sa définition de “l’axe du Mal”, ainsi que la lutte contre le terrorisme international. Cette dernière question sera d’ailleurs, selon Bush, le plus grand défi de Barack Obama. “J’aimerais dire que ce n’est pas le cas, mais il y a toujours un ennemi qui voudrait faire mal à l’Amérique, aux Américains. Et cela sera une menace majeure”, a estimé George W. Bush.
Et d'”axe du Mal”, souvent raillée de “diplomatie cowboy”, il fut encore question, le président américain réitérant ses avertissements contre l’Iran et la Corée du Nord. “La Corée du Nord est toujours un problème. Et l’Iran est toujours dangereux”. George W. Bush a également décerné un satisfecit à son administration quant à l’amélioration de la sécurité en Irak, résultat selon lui du renforcement de la présence militaire américaine décidé en 2007. “Maintenant, la question est, sur le long terme, la démocratie survivra-t-elle? Cela sera le défi des futurs présidents”, a clairement lancé George Bush junior à l’adresse de son successeur qui prêtera serment sur la bible le 20 janvier prochain.
Un concert de louanges à destination des seules oreilles présidentielles? George W. Bush a toutefois concédé des approximations, voire des erreurs. Katrina? “Aurais-je pu faire les choses différemment, comme faire atterrir Air Force One (l’avion présidentiel, ndlr) à la Nouvelle-Orléans ou à Bâton Rouge?”. Et bien non, il n’aurait pas pu, car sa protection sur place aurait détourné les forces de l’ordre de leur mission première, à savoir gérer la crise. L’absence d’armes de destruction massive en Irak? “Une déception considérable”, selon Bush, de même que le mauvais traitement des détenus irakiens par les soldats américains à la prison d’Abou Ghraïb, “une déception énorme”. L’Irak, l’Afghanistan, Guantanamo, le déploiement d’une banderole “Mission accomplie” sur un porte-avions en mai 2003, deux mois après l’invasion de l’Irak? “Les choses ne se sont pas passées comme prévu, disons-le comme ça”, a concédé George W. Bush, avant d’ajouter que tout “cela n’a pas porté atteinte à notre réputation.” L’honneur est donc sauf. Le président américain fera jeudi soir ses adieux à ses compatriotes lors d’une allocution télévisée, a annoncé jeudi la Maison blanche. So long cowboy…
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