International Community Elects Obama, But Not by Much

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La communauté internationale plébiscite Obama, mais de loin

Créé le 21.01.09 à 18h16 | Mis à jour le 22.01.09 à 11h29 | 78 commentaires

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Barack Obama salue la foule lors de la parade d’après cérémonie d’investiture, le 20 janvier 2009 à Washington/Robyn Beck AFP A lire aussi

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ETATS-UNIS – Il a tout pour plaire: il est beau, il est jeune, il est l’espoir du peuple américain. Le nouveau Président est le parfait rival pour éveiller les jalousies du vieux continent…

Attention à la gueule de bois. Jamais la communauté internationale n’aura autant attendu la prise de fonctions d’un Président américain. Mais si l’élection de Barack Obama fait souffler un vent d’espoir aux quatre coins du monde, la réaffirmation de la place des Etats-Unis sur la scène internationale risque de poser problème à certains.

Il l’a souligné dans son discours d’investiture au Capitole, Barack Obama veut redorer le blason de la diplomatie américaine et remettre le leadership des Etats-Unis au goût du jour. Un projet ambitieux qui suscite déjà les critiques. Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, n’a pas hésité à faire part de ses doutes, non sans cynisme, en déclarant: «Les plus grandes déceptions naissent de grands espoirs.» «Il est clair que certains dirigeants ont profité de la vacuité du pouvoir pendant les six derniers mois de George W. Bush», explique Barthélemy Courmont, auteur de «Etats-Unis: les défis d’Obama». «Il y a donc de l’inquiétude de la part de ceux-ci.»

Sarkozy-Obama: deux hyperprésidents

En effet, face au nouveau dynamisme que Barack Obama souhaite insuffler aux Etats-Unis, certains hyperactifs de la scène politique internationale, dont Nicolas Sarkozy, risquent de se voir reléguer en deuxième division. Le président français, qui semble l’avoir compris, n’entend pas lâcher le morceau si facilement et n’a pas tardé à le faire savoir. Quelques minutes à peine après que Barack Obama eut prêté serment, l’Elysée rendait public un message dans lequel Nicolas Sarkozy lui adressait ses «voeux de plein succès», se disant «résolu à travailler main dans la main» avec les Etats-Unis pour «relever ensemble les immenses défis» du monde.

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Même son de cloche au Quai d’Orsay, où Bernard Kouchner soulignait mardi que «la France et l’Europe vont continuer de jouer leur rôle». Si Barack Obama suscite l’admiration, son charisme fait peur. «Nicolas Sarkozy a eu raison de profiter de l’absence de Bush sur la scène internationale, mais les Etats-Unis reviennent en force», souligne Barthélemy Courmont. Et «Obama risque de remettre Sarkozy à sa place», ajoute Jacques Portes, auteur de «Barack Obama: un tournant pour l’Amérique».

Afghanistan, constructeurs automobiles, environnement: autant de sujets de discorde

Outre les rapports avec la France, ce sont les relations avec l’Union Européenne qui risquent d’être impactées. Les priorités du président américain ne sont pas pour le moment tournées vers les 27. En plus de la crise économique, Barack Obama va devoir gérer rapidement les dossiers irakien et afghan. Et les discordes avec l’UE se feront sûrement sentir dès le mois d’avril, au sommet de l’Otan qui se tiendra à Strasbourg. «Obama va probablement demander à l’UE de l’aide pour renforcer les troupes en Afghanistan. Mais les 27 n’ont pas tous la même position sur ce dossier», précise Barthélemy Courmont.

Autre sujet de discorde probable: l’économie. La crise financière a fortement touché les constructeurs automobiles qui attendent beaucoup du nouveau président. «Obama risque d’adopter une attitude protectionniste pour assurer la relance, explique Barthélemy Courmont. Un comportement qui va déplaire à l’Allemagne, si Obama ne respecte pas les règles de l’OMC.» La chancelière allemande, Angela Merkel a d’ores et déjà déclaré qu’elle souhaitait une coopération marquée «par une écoute réciproque», estimant «qu’un pays ne peut résoudre, seul, les problèmes du monde», même si les Etats-Unis sont «la clef» pour surmonter la crise économique. L’inquiétude se fait donc sentir.

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Sur le plan environnemental, même topo. L’Union européenne, précurseur en la matière, risque de vite déchanter. Pour Barthélemy Courmont «Obama souhaite mettre en place une politique énergétique pour briser la dépendance au pétrole». Il ne s’agit donc pas d’une politique environnementale comme le souhaiterait l’Europe.

Obama reste Américain avant tout

Qui aura le dernier mot? La question est aujourd’hui de savoir si la scène internationale sera assez large pour accueillir deux premiers rôles. «Il y a un vrai besoin des Etats-Unis sur la scène internationale car ils sont la seule puissance capable de peser sur des dossiers comme l’Iran ou encore Israël-Palestine», explique Jacques Portes. Le «gendarme du monde» aurait donc toute sa place face à l’Europe.

Outre l’inquiétude des dirigeants, Obama risque de décevoir les Européens. L’élection du démocrate a fait naître l’espoir de voir les Etats-Unis changer et peut être même s’européaniser sur certains dossiers d’ordre sociétal. Mais comme le rappelle Barthélemy Courmont, «le conservatisme n’a pas disparu aux Etats-Unis». Si Obama prône le dialogue avec ses homologues, il n’en reste pas moins américain. Certes, il affiche sa volonté de discuter là où G. W. Bush prenait des décisions unilatéralement, mais il souhaite néanmoins rester le principal interlocuteur.

Mais alors quel président américain faut-il pour l’UE? «Le pire scénario était celui de Bush “administration 1” avec une absence de dialogue. Le moins pire: Bush “administration 2” avec un Président absent, fait valoir Barthélemy Courmont. Mais aujourd’hui nous sommes dans un retour aux années Clinton avec des Etats-Unis puissants». Et selon le spécialiste, «il n’y a pas de place, pour le moment, pour deux grandes puissances».

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