The Monumental Moment, Even in Montreal

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Partout au Québec des assemblées publiques célèbrent l’investiture

La salle a suivi quand le révérend conservateur Rick Warren a entamé un Notre Père sur l’écran géant, scandant les mots de la prière avec la même conviction: «Thy Kingdom come…» Quand le président élu s’est approché du pupitre pour prononcer son serment d’allégeance, la petite assemblée de Montréal a imité les millions de personnes levées à Washington. Et quand Barack Obama a évoqué «ce que des hommes et des femmes libres peuvent accomplir lorsque l’imagination rejoint le bien commun, la nécessité, le courage», tous ont applaudi chaudement, et les plus fébriles ont poussé des cris d’allégresse.

Quelques dizaines de Montréalais ont ainsi répondu à l’appel de la Ligue des Noirs du Québec pour vivre en commun l’événement historique. «Barack Obama devient l’homme le plus puissant du monde, nous espérons qu’il pourra changer le monde et nous tenions à nous réunir en groupe pour souligner ce moment», a résumé Dan Philip, président de la Ligue. Au plus fort de la cérémonie, au moment du discours inaugural tant attendu, un peu après midi, les derniers arrivés au local du boulevard Décarie ne pouvaient plus pénétrer dans le local bondé décoré sobrement aux couleurs américaines.

«C’est le jour le plus magnifique de ma vie», a commenté à la fin de la cérémonie Jacques Lafortune, un homme de 45 ans d’origine haïtienne particulièrement heureux du modèle Obama. «Les Noirs du monde entier comprennent où peuvent mener la volonté, les efforts, les études et la force de caractère. C’est un symbole fondamental pour tous les jeunes et pour les jeunes Noirs en particulier.»

Le directeur de la maison Youth in Motion de la Petite Bourgogne a aussi salué le super héros offert au monde. «C’est un grand homme doté d’un charisme exceptionnel, un intellectuel qui a été un travailleur communautaire, un orateur hors pair qui sait parler au peuple, a dit Michael Farkas. C’est l’homme qu’il faut pendant ces temps difficiles. Nous sortons d’une période sombre et nous avons vécu beaucoup de déceptions.»

Le directeur Farkas a ajouté que cette accession jusqu’au prestigieux poste s’avère encore plus importante pour la communauté noire du Québec que celle de la Gouverneure générale, Michaëlle Jean, à la tête du Canada. «Mme Jean occupe une fonction symbolique. Avec Barack Obama, on passe à un autre niveau. Moi, je vois quelque chose de divin là-dedans.»

Sous sa longue crinière rasta, M. Farkas arborait fièrement un t-shirt à l’effigie de Barack Obama et de Martin Luther King. La salle était décorée d’affiches montrant le même visage souriant du nouveau président et celui, plus grave, du Dr King assassiné dans les années 1960, comme Malcolm X, également représenté sur les murs. Catherine Desjeunes, née à Montréal d’un père français et d’une mère québécoise, a connu cette lointaine période de lutte contre la ségrégation raciale et d’autres formes de discrimination en Californie, où sa famille s’était installée. Pour elle, l’investiture du premier président noir des États-Unis marque l’aboutissement du mouvement des droits civiques aux États-Unis.

«Je suis venu avec une amie pour célébrer ce jour historique, a dit la dame, réinstallée à Montréal. Barack Obama nous montre que tout est possible. Il est l’incarnation d’un rêve devenu réalité.»

Des fêtes semblables étaient organisées partout dans le monde. Plus de 3000 Kenyans et touristes étrangers ont célébré ensemble à Kogelo, le modeste village natal du père défunt de Barack Obama. La foule dansait et chantait en scandant: «Félicitations, notre fils, notre espoir.»

Les universités du Québec avaient organisé leurs propres réunions festives pour suivre sur grand écran la cérémonie d’investiture du 44e président américain. L’UdeM proposait un débat entre étudiants et chercheurs à son Centre d’études et de recherche internationale. À l’Université Laval, plusieurs centaines d’étudiants ont répondu à l’appel de l’Institut québécois des hautes études internationales. Une cinquantaine de jeunes du collège François-Xavier-Garneau ont même fait le voyage pour assister aux célébrations sur place à Washington. Une autre fête était au programme hier soir, dans Montréal-Nord.

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