A Stain on Obama’s Inaugural Robes

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La fête promet d’être grandiose. Aujourd’hui à Washington, Barack Obama deviendra le 44e président des Etats-Unis. A quelques heures des réjouissances, le gouvernement israélien a même eu le bon goût de stopper les hostilités à Gaza. Histoire de ne pas davantage compliquer le début de la présidence Obama. L’Etat hébreu aura peut-être la magnanimité de rétablir le courant, pour que les habitants de Gaza puissent suivre en direct l’investiture.

Les téléspectateurs gazaouis risquent de trouver le spectacle saumâtre. Pendant trois semaines, le président du changement n’a pas daigné condamner les massacres de Gaza. Alors que sa nouvelle équipe faisait déjà des propositions pour lutter contre la crise économique, sur le Proche-Orient, Obama renvoyait à l’administration Bush finissante. Qui ne dit mot consent et Obama ne doit pas être fâché de l’affaiblissement du Hamas qui, jusqu’à nouvel ordre, figure sur la liste des organisations terroristes. Les conditions sont ainsi réunies pour la relance d’un processus de pax americana. Mais le nouveau président imagine-t-il une seconde pouvoir tout reprendre à zéro, comme sur une feuille blanche?

Car l’opération «Plomb durci» se solde par un désastre, dont on commence à peine à mesurer les dégâts. Israël a fait preuve d’une violence inégalée depuis le début de la seconde Intifada. Sur place, les humanitaires n’ont pas souvenir de telles pertes civiles et de telles destructions depuis le siège de Grozny, en Tchétchénie.

Un déluge de feu pour rien. Comme pour souligner l’absurdité de son offensive, Israël l’a stoppée du jour au lendemain. Sans qu’aucun des objectifs affichés ne soit rempli. Le sud du pays reste à la merci des roquettes et des missiles en provenance de Gaza. Certains responsables reconnaissent déjà qu’il ne faudra que quelques mois au Hamas pour percer de nouveaux tunnels sous la frontière avec l’Egypte et reconstituer son arsenal. Quant aux combattants perdus, gageons que le mouvement islamiste n’aura pas trop de peine à en recruter de nouveaux dans les décombres de Gaza.

Enfermés dans leur unilatéralisme, les dirigeants de Tel-Aviv ont conclu un cessez-le-feu avec eux-mêmes. Inutile de dire qu’il ne tient qu’à un fil. Tout au plus, l’armada israélienne peut s’enorgueillir d’avoir restauré sa «capacité de dissuasion». En clair, les ennemis de l’Etat hébreu, au premier rang desquels l’Iran, savent à quoi s’en tenir. Contrairement à ce qu’il avait fait en 2006, le Hezbollah s’est d’ailleurs bien gardé d’ouvrir un second front.

La dissuasion a fonctionné, diront les plus cyniques. C’est oublier que chaque nouvelle démonstration de force est plus dévastatrice que la précédente. Environ mille morts libanais en été 2006, près de 1300 tués cet hiver à Gaza. On n’ose imaginer la prochaine opération israélienne, si une roquette touche une école ou en cas d’attentat d’envergure. Obama a promis de se pencher immédiatement sur le dossier explosif du Proche-Orient. Il va devoir frotter fort pour effacer la tache de Gaza sur son costume d’investiture.

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