Obama-Netanyahu, The Impossible Couple

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Obama-Netanyahu, couple impossible

Christian BRUNEL, correspondant à Jerusalem

leJDD.fr

D’un côté, Barack Obama vient de s’installer à la Maison Blanche en affichant son intention de se saisir à bras le corps du dossier israélo-palestinien. De l’autre, tous les pronostics donnent le leader du Likoud Benjamin Netanyahu, un “dur”, vainqueur des élections du 10 février en Israël. Jérusalem et le grand allié américain pourront-ils s’entendre? Rien n’est moins sûr…

Pendant dix ans de traversée du désert, Benjamin Netanyahu a rongé son frein. Apparemment, son heure est venue. Le patron de la droite israélienne a toutes les chances de redevenir Premier ministre après les élections du 10 février. Tous les sondages donnent le Likoud, son parti, vainqueur face au Kadima, le parti centriste au pouvoir de Tzipi Livni, la chef de la diplomatie, et les travaillistes d’Ehud Barak, le ministre de la Défense. Ce retour en force de “Bibi ” Netanyahu risque toutefois de mettre à rude épreuve les relations avec les Américains après l’arrivée à la Maison Blanche de Barack Obama. Au point que des commentateurs prévoient un ” clash ” après huit années de lune de miel avec George Bush.

Benjamin Netanyahu joue en effet la carte de la politique de la poigne de fer. Pour lui, la lutte contre le terrorisme constitue la priorité des priorités. Il estime qu’Ehud Olmert, le Premier ministre sortant, a commis l’erreur d’arrêter à mi-chemin l’opération menée pendant vingt-deux jours par l’armée israélienne contre les islamistes du Hamas dans la bande de Gaza, qui a fait, selon les chiffres palestiniens, plus de 1 300 morts, dont 400 enfants. Pour l’avenir, Benjamin Netanyahu s’oppose à la création d’un Etat pour les Palestiniens, et leur propose en guise de lot de consolation de les aider à développer leur économie.

Le Likoud sur la défensive

Une position inacceptable pour Mahmoud Abbas, le grand rival du Hamas, que Barack Obama considère comme son interlocuteur privilégié. Le président américain a ainsi fait un geste fort en téléphonant, à peine installé à la Maison Blanche, au président palestinien. Considéré comme un modéré, Mahmoud Abbas espère que Barack Obama va exercer des pressions sur Israël pour obtenir notamment l’arrêt total de la colonisation israélienne en Cisjordanie, contrairement à George Bush qui avait fermé les yeux. Inquiet de cet appui américain à Mahmoud Abbas, le Hamas a appelé Barack Obama à ne pas commettre les mêmes “erreurs” que son prédécesseur.

Seule certitude pour l’heure: le nouveau président américain a fait savoir à Mahmoud Abbas qu’il n’avait pas l’intention de mettre le conflit israélo-palestinien sous le boisseau. Dès demain, l’ancien sénateur George Mitchell, envoyé spécial de Washington au Moyen-Orient, débarque dans la région. Mieux encore: Barack Obama a utilisé dans un discours une curieuse expression en proclamant qu’il avait l’intention de “chercher activement et agressivement une paix durable entre Israël et les Palestiniens”. Or, pour y parvenir, des concessions israéliennes sont inévitables, sous forme notamment d’un retrait de Cisjordanie et d’une évacuation des 250 000 colons israéliens qui y vivent, une idée tabou pour le Likoud.

Les adversaires de Benjamin Netanyahu ne s’y sont pas trompés. Ils commencent à agiter la menace d’une crise avec le grand allié américain pour faire peur aux électeurs. “Sa politique est en contradiction directe avec celle de Barack Obama”, prévient Yitzhak Herzog, un ministre du Parti travailliste. Sur la défensive, le Likoud tente de rassurer en affirmant que Benjamin Netanyahu saura trouver un terrain d’entente. Rien n’est moins sûr s’il s’allie pour gouverner avec plusieurs partis religieux et ultra nationalistes. Mais, selon la plupart des commentateurs, il devrait éviter une telle option pour éviter d’aller droit dans le mur avec Washington. Lui-même souligne qu’il entend mobiliser une “majorité la plus large possible”. En d’autres termes, il devrait nouer une alliance avec les travaillistes ou Kadima pour tenter, dans un premier temps au moins, d’amadouer Barack Obama.

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