(Québec) Le milieu financier a mal réagi mardi aux efforts du tandem Tim Geithner-Barack Obama pour venir à la rescousse de l’économie des États-Unis, et tout particulièrement à celle de son secteur bancaire en déroute. La belle affaire!
Non satisfaits d’avoir saboté l’économie mondiale par leurs excès, voilà que les spéculateurs de Wall Street ont commencé par lever le nez sur les mesures de soutien destinées à soulager certaines victimes de la crise et surtout, à empêcher que cette dernière ne s’aggrave trop.
C’est le plan d’assainissement et de relance du système financier présenté par le secrétaire au Trésor étatsunien qui a surtout été visé par les critiques. Le projet de restructuration aurait été trop complexe et ses dispositions essentielles, trop vagues…
Ne cherchez pas à comprendre. Cette attaque n’était rien d’autre qu’une grossière excuse pour masquer tant bien que mal la frustration d’un milieu habitué à dominer le jeu et à en dicter les règles à son avantage.
La vérité est qu’on attendait un autre bar ouvert à la républicaine, mais la nouvelle équipe à la Maison-Blanche est venue «casser le party». Les démocrates ont agi pour que cette fois, les gestionnaires ne puissent piger à leur guise dans les fonds publics pour renflouer des institutions qu’ils ont menées à la quasi-faillite.
Le président Obama et son secrétaire au Trésor ont commencé à les mettre au pas. Ils ont en effet mis en place toute une série de mesures de contrôle qui vont forcer les dirigeants des institutions financières à être beaucoup plus transparents sur l’utilisation des milliards de dollars rendus disponibles pour soutenir leurs institutions.
Il faut les sauver, elles sont essentielles à une reprise rapide. Mais toutes ne seront pas épargnées. Les gestionnaires devront démontrer que leur entreprise est viable avant de toucher un sou. Plus question d’investir à fonds perdus.
L’heure est plus que jamais à la reddition de comptes. Ainsi, les pdg des plus grandes institutions bancaires américaines, les Goldman Sachs, Morgan Stanley, Citigroup, Bank of America, JPMorgan, Wells Fargo, State Street et New York Mellon ont dû parader hier devant les membres d’un comité du Congrès ouvertement hostiles devant leurs comportements scandaleux des derniers mois, alors que déjà la crise faisait rage chez nos voisins.
Les exemples étaient nombreux pour justifier la mauvaise humeur ambiante.
Quelque 18 milliards $ versés en bonis aux employés des firmes de Wall Street, des conférences organisées à grands frais à des endroits comme Las Vegas, un projet d’acquisition d’un nouveau et luxueux jet d’affaires, une petite sauterie de 10 millions $ pour les amis de la banque et les employés supérieurs sous le couvert d’une opération marketing, mais sur quelle planète viviez-vous?, leur a-t-on demandé.
Pendant que vous vous déplacez en voiture sport ou en limousine entre le club de golf, la villa et le bureau du 40e étage, en faisant des arrêts dans les restaurants et les boutiques chics, vos concitoyens perdent leur maison parce que les entreprises qui les emploient ont fermé leurs portes en raison de la voracité qui a guidé vos décisions d’affaires, leur a-t-on rappelé.
Perte de confiance
Les financiers ont perdu la confiance du public et des gouvernements par leur faute. Barack Obama jouit à l’opposé d’un large appui qui lui permet de remettre de l’ordre dans un système abandonné à lui-même.
La récession que les spéculateurs ont créée de toutes pièces devient donc une occasion en or de les discipliner, de les encadrer serré et de mettre en place des mécanismes de surveillance beaucoup plus contraignants.
S’il faut trouver un bon côté à la crise, c’est celui-là.
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