Human Rights Arithmetic

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Signe du changement à la tête de l’administration américaine, les Etats-Unis souhaitent revenir siéger au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dont ils avaient claqué la porte. Depuis la guerre en Irak, cette instance, chargée de mettre en oeuvre la Déclaration universelle des droits de l’homme, leur donnait le sentiment d’être surtout devenue une tribune contre l’Occident, à force de se focaliser sur certains dossiers au détriment de tous les autres.

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Si les crimes de guerres commis en Irak ou récemment à Gaza méritent indéniablement d’être examinés et condamnés, ils ne doivent pas servir d’écran de fumée au point d’empêcher la condamnation d’autres violations – dès lors qu’elles ne sont plus commises par les Etats-Unis ou Israël. Au Zimbabwe, au Tibet, en Tchétchénie, au Soudan ou au Congo, par exemple. Or, c’est bien la tournure prise par certains débats au Conseil des droits de l’homme. Pour une raison simple qui tient à l’arithmétique.

Contrairement au Conseil de sécurité, presque tous les pays y sont représentés, au moins en tant qu’observateurs : Zimbabwe, Iran, Venezuela, Palestine, Saint-Siège… Les plus petits pays siègent aux côtés des plus gros, les plus vertueux aux côtés des dictatures, et tous parlent à égalité. Ce qui fait la magie de ce conseil explique aussi l’étrangeté de certains débats. Récemment, le Tuvalu (pays le moins peuplé de l’Océanie) a défié la Chine en remerciant Taïwan par une terminologie d’ordinaire réservée à Pékin. Mais défier la Chine n’amuse que le Tuvalu… Le plus souvent, le groupe des pays musulmans, celui des pays africains et le Mouvement des non-alignés s’entendent pour tancer les pays dits occidentaux au nom des droits de l’homme. Avec une jouissance expiatoire non dissimulée, et d’autant de facilité qu’ils sont largement majoritaires.

Le nombre de pays reconnus a pratiquement triplé depuis la fin la seconde mondiale, la décolonisation et l’implosion de l’URSS. Beaucoup de ces “nouveaux” pays interprètent tout appel à respecter les droits de l’homme comme une forme d’impérialisme prenant la suite de la colonisation ou de la guerre froide. Cette posture permet de refuser la démocratisation ou la fin de certaines discriminations. Bien que minoritaires, les démocraties dites occidentales déjouaient volontiers cette rhétorique grâce à une certaine stature morale. Depuis Guantanamo et la guerre en Irak, cette stature a sacrément du plomb dans l’aile. Et le discrédit américain rejaillit sur tout pays classé sans distinction dans le camp des “alignés”.

Soudé comme jamais, le bloc anti-Occident dégaine le refrain du “deux poids, deux mesures”, chaque fois qu’on prétend leur faire la leçon. Une partition d’autant plus facile à jouer depuis que les Etats-Unis, lassés de se trouver systématiquement en minorité, ont choisi de pratiquer la politique de la chaise vide. Or, c’est au Conseil des droits de l’homme – où l’on ferraille à coups de mots et non de bombes – que se joue le véritable défi de l’après-11-Septembre. Lequel n’a jamais été militaire mais idéologique. Ce que n’a jamais voulu comprendre l’administration Bush.

Le fait d’instrumentaliser les droits de l’homme pour mieux les violer au nom de la guerre contre le terrorisme a formidablement nourri la propagande des détracteurs de l’universel. En annonçant la fermeture de Guantanamo, en programmant le retrait des troupes d’Irak, et en disant vouloir “reconsidérer” sa politique vis-à-vis du Conseil des droits de l’homme, l’administration Obama montre qu’un vrai changement de diagnostic, et donc de politique, est en cours. Si les démocraties sont faillibles, elles ont moins l’avantage de pouvoir changer d’avis. En principe, cela devrait leur permettre de tenir de nouveau tête aux dictatures. En pratique, cette décision ne changera rien tant que le conflit israélo-palestinien continuera d’empoisonner les relations internationales.

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