Biobama

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Comme il s’y était clairement engagé pendant sa campagne électorale, Barack Obama a signé, lundi 9 mars, un décret autorisant le financement, par des fonds fédéraux, des recherches sur les cellules souches embryonnaires humaines. Le président américain a jugé que son prédécesseur, George Bush, avait imposé un “mauvais choix entre science bien comprise et valeurs morales” en s’opposant, durant huit ans, à la levée de cette interdiction.

Conformément aux espoirs d’une grande partie de la communauté scientifique, M. Obama a exprimé sa conviction que ces recherches sur les cellules souches sont “pleines de promesses” pour le traitement de maladies dégénératives aujourd’hui incurables. Et il a dit sa détermination que les chercheurs américains regagnent, dans ce domaine, “le terrain perdu”, notamment sur les Britanniques et les Asiatiques, à condition toutefois qu’ils travaillent de manière “responsable” et dans le cadre de règles “strictes”.

Certes, la décision de Barack Obama ne va pas changer radicalement la situation : des recherches sur les cellules souches sont déjà menées aux Etats-Unis par plusieurs groupes de réputation internationale, soutenus par des financements privés ou les subventions de certains Etats comme la Californie. Elle constitue toutefois un signal fort que la mobilisation américaine sera désormais générale et massive pour conquérir ce nouvel eldorado biologique et, à terme, pharmaceutique.

Il faut souhaiter que ce message soit entendu en France, où les pouvoirs publics ont, jusqu’à présent, adopté une attitude très prudente, voire hésitante. Après celle de 1994, qui interdisait toute recherche sur l’embryon, la loi bioéthique de 2004 a autorisé des dérogations “lorsque les recherches sont susceptibles de permettre des progrès thérapeutiques majeurs, et à la condition de ne pouvoir être poursuivies par une méthode alternative d’efficacité comparable”. Or il est prévu de réviser ce texte, en fonction des Etats généraux de la bioéthique prévus d’ici à l’été prochain.

Sans méconnaître la force des arguments de ceux qui redoutent que ces recherches conduisent inévitablement à une réification de l’embryon humain, une clarification de la position française est désormais indispensable. Si la recherche sur les cellules souches peut être menée, elle ne doit plus l’être dans un cadre dérogatoire. Mais avec autant de vigueur que de “rigueur”, “sans tolérer ni détournement ni abus”, comme l’a martelé le président américain.

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