Bigger Challenges Than Kennedy’s

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De tous les grands discours de l’histoire américaine, le plus mémorable pour pratiquement tous les Américains est assurément celui donné au Congrès par le Président John F. Kennedy le 21 mai 1961. Si on ne l’a pas vu en direct ou dans ses innombrables reprises, on l’apprend à l’école primaire.

C’est le discours où le jeune président engageait les États-Unis à un projet qui semblait alors trop ambitieux voire irréalisable. Envoyer un homme marcher sur la lune avant la fin de la décennie.

Il faut comprendre qu’à l’époque, l’Amérique était le champion du monde libre dans «la course de l’espace» contre l’URSS communiste. Et l’Amérique tirait lamentablement de l’arrière. Les Soviétiques avaient été les premiers à lancer un satellite en orbite, Sputnik I, en 1957. Deux semaines seulement après avoir stupéfié les États-Unis et le monde avec cet exploit, il lançait Sputnik II qui avait à son bord un être vivant, la chienne Laïka.

Quatre mois plus tard la première fusée américaine chargée de placer un premier satellite gros comme un pamplemousse en orbite levait de quatre pieds de terre avant de s’écraser en morceaux. L’humiliation était totale et ses retombées menaçantes. Les Russes envoyaient au monde entier un message puissant : qu’ils étaient technologiquement supérieurs aux Américains. Quatre ans plus tard, Youri Gagarine devenait le premier être humain dans l’espace. On connaît la suite et la victoire décisive des États-Unis huit ans plus tard, quand Neil Armstrong devenait le premier homme à fouler le sol lunaire.

Barack Obama n’a pas l’intention d’envoyer quiconque sur la lune et ne semble pas très intéressé par l’aventure vers la planète Mars que planifie la NASA. Il faut dire que s’il osait parler de telles dépenses par les temps qui courent, les Américains voudraient l’interner.

Mais le discours qu’il a livré au Congrès la semaine dernière rivalise et même dépasse celui de Kennedy dans son ambition à relever des défis qu’on croit impossibles à surmonter.

L’analyste politique David Gergen, qui a été conseiller auprès de quatre présidents – trois républicains et un démocrate – disait de la possibilité qu’Obama atteigne tous ses objectifs que ce «sera l’un des plus grands drames politiques de notre temps». Gergen est hautement réputé pour la clarté de sa vision et sa neutralité partisane.

Pensons-y. D’abord, en plus de vouloir redresser une économie dans ses bas-fonds, le président Obama promet de couper le déficit monstrueux des États-Unis avant la fin de son premier mandat. Ça n’aurait peut-être pas l’air si audacieux si le président ne s’engageait pas aussi à donner l’assurance-santé à tous les Américains, presque doubler le budget de 59 milliards $ de l’éducation en y injectant 100 milliards $ de plus, 15 milliards $ dans le développement de source d’énergie alternative pour doubler la production énergétique américaine d’ici trois ans, et augmenter le nombre des Forces armées, tout en dépensant pour garder 50 000 soldats en Irak et en envoyer au moins 17 000 de plus dans une guerre sans fin en Afghanistan.

Une majorité de 64 % des Américains ont trouvé le discours de Obama énergisant. Mais, on soupçonnerait d’avoir été victime d’un lavage de cerveau au fil d’acier quiconque oserait vraiment y croire.

Ce que le président essaie de nous vendre est que tout ça se tient. La santé, l’énergie, l’éducation, l’armée, tout revient à aider l’économie américaine à se remettre de sa pleurésie. Une théorie qui fait de bons discours et gagnerait peut-être des débats à l’université, mais qui résiste mal à la réalité.

Échos de JFK

De loin, si Obama a à faire quelque chose de comparable à la conquête de la lune, ce sera la création d’une assurance-santé qui couvrira tous les citoyens du pays, dont un tiers n’a présentement aucune assurance.

D’autres présidents démocrates ont échoué misérablement dans cette entreprise avant lui, l’échec le plus éclatant étant celui de Bill Clinton et de sa femme Hillary à laquelle il avait confié ce mandat dès son élection. Les lobbyistes des assureurs ont déferlé sur elle avec hargne et acharnement.

Obama a fait savoir en fin de semaine qu’il s’attendait pertinemment à un assaut semblable. Mais, dans une vidéo diffusée sur Internet il déclarait défiant : «Ces lobbyistes et groupes d’intérêt sont à fourbir leurs armes au moment où je vous parle. Je n’ai qu’un message pour eux : Moi aussi.»

On a appris durant la campagne électorale que Barack Obama sait quand et comment descendre dans la ruelle si nécessaire. On pourrait aussi soutenir qu’il a été élu sur cette promesse. Mais la vérité est qu’il a sous-estimé la capacité et la crédibilité des républicains désorganisés à combattre sa première proposition de stimulus économique et qu’il a dû battre en retraite avant de revenir avec un projet plus comestible. Et qu’il a été élu grâce à George W. Bush et à son propre talent d’orateur.

Le président Obama déclarait aux médias qui mettaient son réalisme en question sur la santé cette semaine : «Je ne suis pas venu ici pour prendre le chemin facile.»

Des échos de Kennedy, dont une des phrases les plus marquantes était : «Nous avons choisi d’aller sur la lune non pas parce que c’est facile mais parce que c’est difficile.»

En fait, le parallèle entre le discours de Obama et celui de la folle course vers la lune est frappant à d’autres points de vue. John Kennedy aussi avait demandé quelques mois après son assermentation de s’adresser au Congrès pour parler de «choses urgentes pour la nation».

Différence majeure pour l’instant : Kennedy a gagné son pari. La route empruntée par Obama pour le faire est encore plus périlleuse que celle de la NASA. Et il n’a pas les Soviétiques pour le darder. Il n’a qu’un peuple américain apeuré qui souhaite seulement voir son économie revenir à la température normale.

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