Obama, "Alms" for Cuba

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C’était une promesse de candidat. C’est désormais une décision présidentielle. Avant d’entamer une tournée sud-américaine, Barack Obama a assoupli la politique américaine envers Cuba. Les immigrés ou Américains d’origine cubaine pourront se rendre dans l’île des Caraïbes autant de fois qu’ils le souhaitent. Fidel Castro a quant à lui qualifié cette décision d'”aumône”.

Barack Obama tient ses promesses. Annoncé durant sa campagne électorale, l’assouplissement de la politique américaine envers Cuba devient réalité. Le 44e président américain, avant de participer au sommet des Amériques, a en effet annoncé, notamment, la possibilité pour les immigrés ou Américains d’origine cubaine de se rendre autant de fois qu’ils le désirent dans l’île des Caraïbes et la facilitation des transferts d’argent. La possibilité de se rendre sur l’île n’était, auparavant, accordée qu’une fois par an. C’est une nouvelle rupture avec l’administration Bush qui avait encore un peu plus durci sa politique à l’égard de son voisin.

En revanche, la levée de l’embargo commercial, imposé depuis 1962 après la crise des missiles, et demandée par le régime castriste, n’est pas d’actualité. Au sein de l’administration américaine, des responsables espèrent que les nouvelles mesures annoncées par la Maison blanche encourageront Cuba à entreprendre des réformes démocratiques. Les nouvelles dispositions prévoient que les entreprises américaines de télécommunications et les fournisseurs de service radio et télévision par satellite pourront demander un permis d’exercer à Cuba. Barack Obama a aussi demandé à son gouvernement d’étudier la possibilité d’ouvrir des liaisons aériennes régulières avec l’île. “Le président a ordonné une série de mesures à l’attention du peuple cubain pour soutenir son désir de jouir de droits humains fondamentaux”, a déclaré le porte-parole de la présidence, Robert Gibbs. “Ce sont des actions visant à ouvrir le flux d’information”.

“Cuba marchera la tête haute”

Les partisans d’un assouplissement des sanctions ont salué les initiatives concernant les familles, qui touchent quelque 1,5 million d’Américains ayant de la famille à Cuba. A l’aéroport de La Havane, théâtre depuis des décennies de scènes d’adieu déchirantes entre des familles séparées par l’hostilité idéologique entre les deux pays, les Cubains ont laissé éclater leur joie à l’annonce de cette mesure. “C’est la plus belle chose qui pouvait arriver”, a déclaré Pablo, un homme de 60 ans, en disant au revoir à sa fille repartant pour Miami. Pour les tenants d’une ligne dure, cette ouverture est perçue comme le gage d’un apport de liquidités vers l’île qui permettra au régime castriste de se maintenir. “Le président Obama a commis une grave erreur”, ont estimé deux élus de Floride, où vit l’essentiel de la communauté cubaine exilée, critiquant une décision unilatérale sans contrepartie.

A Cuba, si la population accueille avec enthousiasme l’ouverture américaine, le régime, lui, se montre plus circonspect. Après 50 ans de relations houleuses et tendues, La Havane reste méfiante. Le Lider maximo, Fidel Castro a indiqué que sa patrie ne voulait pas d’une aumône. Ce que réclament le régime et la population, c’est la levée de l’embargo, a poursuivi le héros de la révolution cubaine. Toujours en verve, l’ancien avocat au verbe haut s’est exprimé dans une lettre publiée sur le site internet Cubadebate.

“Du blocus, qui est la plus cruelle des mesures, on n’a pas dit un mot”, a affirmé Castro. Cuba “n’accuse pas Obama des atrocités commises par d’autres gouvernements des Etats-Unis” et ne doute pas de “sa sincérité et de sa volonté de changer la politique et l’image des Etats-Unis. Il a livré une bataille très difficile pour être élu, malgré des préjugés de plusieurs siècles”, ajoute-t-il, en expliquant que c’est pour cela que son frère, le président Raul Castro a exprimé sa bonne disposition à dialoguer “sur la base du respect le plus strict de la souveraineté. Cuba a résisté et résistera encore. Elle ne tendra jamais la main pour demander l’aumône. Elle marchera de l’avant la tête haute, en coopérant avec les peuples frères d’Amérique Latine et des Caraïbes, qu’il y ait ou non des Sommets des Amériques, qu’Obama préside ou non les Etats-Unis”, souligne-t-il. Barack Obama se rendra vendredi à Trinité-et-Tobago en vue du sommet des Amériques avec un absent de marque… Cuba.

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