Obama Fights the Mexican Cartels

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liot Ness a reçu John Kennedy, dans un Mexico déserté par les automobilistes et quadrillé par 6 000 agents des services de sécurité : c’est l’image qui restera de la première visite du président américain Barack Obama au Mexique, jeudi 16 avril, où il est venu épauler son homologue Felipe Calderon dans la guerre contre les cartels du crime.

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Avant ce voyage symbolique (moins de vingt-quatre heures, sur le chemin du Sommet des Amériques à Trinité-et-Tobago), M. Obama n’avait pas hésité à comparer son hôte au héros de la série américaine Les Incorruptibles en lutte contre Al Capone.

Plus classique, M. Calderon a rappelé la visite historique de JFK à Mexico, il y a près d’un demi-siècle, et sa définition des relations bilatérales : “La géographie a fait de nous des voisins, l’économie nous a convertis en partenaires, et la nécessité nous transforme en alliés.”

Aujourd’hui, plus que l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) en vigueur depuis 1994, ou la présence aux Etats-Unis de 12 millions de Mexicains, dont le vote a pesé en faveur de M. Obama, c’est l’agenda sécuritaire qui rapproche les deux pays. “On ne peut pas mener d’une seule main” la guerre contre le crime organisé, a souligné le président américain, qui a demandé au Congrès des moyens supplémentaires – de l’ordre de 350 millions de dollars – afin d'”affronter la menace des cartels mexicains”.

Selon l’hebdomadaire Proceso, M. Obama propose pour que soit installé à Mexico, au plus tard en juillet, un “centre conjoint” qui permettra à une dizaine d’équipes binationales de coordonner leurs efforts. Du côté des Etats-Unis, on envisage d’impliquer le Bureau fédéral d’investigation, le FBI, voire la centrale de renseignement, la CIA. Le 15 avril, la presse mexicaine a fait une large publicité à la découverte, dans l’Etat de Sonora (nord), d’un nouvel arsenal des “narcos”, dont une mitrailleuse antiaérienne montée sur le toit d’un véhicule tout-terrain. Le même jour, M. Obama a fait inscrire trois organisations criminelles mexicaines – le Cartel de Sinaloa, les Zetas (liés au Cartel du Golfe) et la Famille du Michoacan – sur la liste des groupes dont les propriétés ou les comptes bancaires peuvent être gelés aux Etats-Unis.

M. Obama a reconnu la difficulté à répondre aux exigences de Mexico, qui veut faire rétablir aux Etats-Unis l’interdiction de la vente d’armes d’assaut, levée en 2004 sous la présidence de George Bush.

Près de 90 % des 16 000 armes d’assaut saisies au Mexique depuis 2007 ont été achetées en territoire américain, a rappelé M. Calderon lors d’une conférence de presse commune. “Il faut chercher une solution qui respecte le deuxième amendement de la Constitution (le droit à l’autodéfense pour tout citoyen des Etats-Unis), mais éviter l’abus de ce droit”, a tempéré M. Obama. Faute de mieux, M. Obama va demander au Sénat de ratifier la Convention interaméricaine contre la fabrication et le trafic illicite d’armes à feu, munitions et explosifs.

Le thème de la criminalité relègue au second plan le projet d’une régularisation des migrants illégaux, ou encore d’une révision partielle de l’Alena, réclamée par les syndicats américains et l’opinion mexicaine. 73 % des Mexicains y seraient favorables, selon une étude financée par la Fondation Konrad Adenauer.

Des enfants de migrants séparés de leurs parents en raison du durcissement de la réglementation américaine ont protesté, jeudi, devant l’ambassade des Etats-Unis, tout comme des militants du mouvement “Sans maïs, pas de pays”, inquiets du sort de l’agriculture mexicaine, laminée par ses concurrentes du Nord, et à laquelle un rapport de la Banque mondiale prédit un sombre avenir à cause du changement climatique.

La préoccupation des Etats-Unis pour leur frontière sud suscite des sentiments mitigés au Mexique : la satisfaction de voir que ses voisins acceptent une “responsabilité partagée” dans la vague de violences, et la crainte atavique d’une ingérence de la première puissance mondiale. Washington a rassuré en nommant “représentant spécial pour la frontière” le juriste Alan Bersin, qui s’est prononcé contre une militarisation de la zone frontalière, mais a en revanche agacé en choisissant, comme ambassadeur à Mexico, le diplomate d’origine cubaine Carlos Pascual, connu pour ses travaux sur les “Etats fragiles”. “Il faut espérer que le messager n’est pas le message”, a commenté la sénatrice Rosario Green, ancienne ministre des relations extérieures.

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