Edited by Robin Silberman
(Québec) Obama est rentré à Washington – Obama et toute la Maison-Blanche, faudrait-il préciser, tant l’armada accompagnant le président dans ses déplacements à l’étranger est impressionnante.
Près de 1000 personnes ont traversé l’Atlantique avec lui. Agents affectés à la voiture blindée, personnel pour faire voler les hélicoptères Marine One, conseillers, experts, cuisiniers et militaires; c’était une armée en campagne.
C’était la puissance américaine dans toute sa splendeur.
Mais justement, cette puissance s’est exprimée d’une façon toute différente lors de ce voyage présidentiel. On aurait dit une armée en campagne… de charme.
Obama a confirmé que son approche et sa méthode sont à l’opposé de celles de George W. Bush.
Lors de ce périple, ce n’était plus l’hyperpuissance américaine qui s’exprimait et ordonnait, c’était la puissance qui écoutait et dialoguait. Le charme d’Obama a opéré partout où il est passé ces derniers jours. Il est là, le premier succès de ce voyage présidentiel.
Le premier et le seul, pourrait-on dire. Car, en définitive, qu’a obtenu Barack Obama de concret à Londres, à Strasbourg, à Prague et à Ankara (mettons de côté son arrêt-éclair en Irak)?
La question se pose parce qu’il faut tout de même comprendre qu’il met son charme personnel au service des intérêts américains – et que ceux-ci n’ont pas fondamentalement changé. Pas sur la scène internationale, en tout cas.
À Ankara, lorsqu’il prône l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne pour créer un pont entre le monde musulman et l’Occident, il dit ce que disait George W. Bush.
Vue de notre coin du monde, et même si elle froisse les Français et d’autres Européens, cette idée était et demeure juste.
Quand il dit, de façon magnifique, que les États-Unis «ne seront jamais en guerre contre l’islam», il cherche aussi à protéger les intérêts de son pays – qui sont aussi les nôtres. Mais il le fait avec infiniment plus de finesse et de grandeur que son prédécesseur.
Plus énigmatique est son appel lancé à Prague en faveur d’«un monde sans armes nucléaires». Ronald Reagan avait dit la même chose en 1986.
Comme à ce moment-là, il s’agit probablement surtout pour Obama de contrer la prolifération nucléaire dans des États voyous et au sein de nébuleuses terroristes.
Voilà pour les intérêts disons plus immuables et permanents de Washington.
Que retenir sur les dossiers d’actualité, là où certains espéraient des résultats tangibles?
Au G20 de Londres, force est de constater qu’Obama n’a pas obtenu le plan de relance qu’il souhaitait. Le nouveau directoire mondial s’est plutôt appliqué à jeter les bases de nouvelles réglementations.
À ce stade-ci, c’est plutôt heureux. Creuser sans cesse les déficits finirait par causer d’autres problèmes tout aussi graves que ceux qu’on cherche à régler.
Au sommet de l’OTAN, à Strasbourg, l’hôte de la Maison-Blanche a tout fait pour inciter ses alliés à s’investir davantage en Afghanistan. Il a même dit aux Européens qu’ils sont «davantage menacés par Al-Qaida» que les États-Unis. Presque en vain.
La méthode plus avenante d’Obama a néanmoins beaucoup plu. Voilà le seul vrai succès de son périple outre-Atlantique, disions-nous.
C’est vrai, et ce n’est pas une mince chose, cela dit. C’est même colossal.
Pas de résultats immédiats à présenter au peuple américain, mais un effet et des impacts qui percoleront très certainement avec le temps.
C’est toute l’image des États-Unis dans le monde que l’actuel président américain est en train de restaurer. Il le fait avec une bonne dose d’intelligence, ce qui ne gâche évidemment rien.
Ceux qui, aux États-Unis et ailleurs, croient qu’il aurait obtenu davantage en plaçant ses interlocuteurs au pied du mur sont des idiots.
“The people who, in the United States and anywhere else, think that he would have gotten more if he had left his negotiating partners with no alternative, are nothing but idiots.”
U,h, H,u,h