La crise économique et l’élection de Barack Obama, le premier président africain-américain du pays, ont conduit à une résurgence de l’extrême droite aux Etats-Unis, indique un rapport du département de la sécurité intérieure. Rédigé par le service chargé de “l’extrémisme et de la radicalisation”, en liaison avec le FBI (Bureau fédéral d’investigation), le document est distribué, depuis le début du mois d’avril, aux forces de l’ordre pour les inciter à la vigilance.
Tout en soulignant qu’aucune preuve n’a été établie de l’intention de ces groupes “antigouvernementaux” de mener à bien des attaques terroristes, le rapport mentionne une conjonction de facteurs alarmants. Le chômage, les saisies immobilières et la difficulté d’obtenir des prêts “pourraient créer un terrain fertile pour le recrutement” dans les groupes d’extrême droite, indique-t-il. Ce climat social rappelle celui des années 1990, “quand l’extrémisme de droite connaissait une résurgence alimentée par la récession économique et les délocalisations”. Les autorités avaient alors enregistré une augmentation des attaques contre les banques et les infrastructures fédérales.
“LOUPS SOLITAIRES”
Autre motif : la crainte de voir les démocrates instaurer des restrictions sur les ventes d’armes à feu. Ou encore la difficile réintégration des soldats qui reviennent des guerres d’Irak ou d’Afghanistan. Celle-ci pourrait conduire à “la possible émergence de groupes terroristes ou de “loups solitaires” (des extrémistes agissant seuls)”, note le document.
Cette mention des anciens combattants a suscité une polémique. Les républicains ont jugé “inacceptable (que) des hommes et des femmes qui ont servi vaillamment le pays” puissent être présentés comme des “terroristes en puissance”. Janet Napolitano, la secrétaire à la sécurité nationale, a dû présenter des excuses, le 16 avril, tout en rappelant qu’elle était procureur, à l’époque, de l’attentat commis contre le siège du gouvernement fédéral, en 1995, à Oklahoma City, par Timothy McVeigh, vétéran de la guerre du Golfe devenu l’un de ces “loups solitaires”.
Toujours selon le rapport, les groupuscules “suprémacistes” ont aussi “capitalisé sur l’élection d’un premier président africain-américain” pour faire de nouvelles recrues. Les conclusions du gouvernement rejoignent celles du Southern Poverty Law Center, le centre qui étudie les “groupes de la haine” depuis les années 1970. En février, cet organisme a recensé 926 groupuscules, soit une augmentation de 50 % depuis 2000.
Selon lui, les “suprémacistes blancs” se flattent de connaître un afflux d’inscriptions ou de consultations de leurs sites Internet depuis l’élection de Barack Obama.
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