American Diplomacy: The Balance Between Openness and a Firm Stance

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Hillary Clinton a défendu mercredi l’amorce de dialogue avec l’Iran, Cuba et d’autres pays hostiles, mais la secrétaire d’Etat a critiqué «l’abdication» du Pakistan face aux talibans.

C’était risqué. En faisant de sa rivale à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle sa secrétaire d’État, Barack Obama s’exposait à une source de rivalité potentielle dans son premier cercle gouvernemental. Il faisait en même temps le choix raisonnable de s’associer une figure politique éminente, auréolée de son expérience acquise au Sénat et aux côtés de son mari à la Maison-Blanche pendant huit ans. En pleine crise économique, le président semblait vouloir se consacrer entièrement aux problèmes inté­rieurs, déléguant la diplomatie à son aînée, âgée de 61 ans.

En trois mois, Barack Obama a embrassé pleinement la politique étrangère américaine. Il a fait une entrée remarquée sur la scène internationale et se saisit quotidiennement des sujets d’actualité étrangers – trop, selon ses opposants. Hillary Clinton, elle, a adopté un profil discret, laissant le président établir une politique qu’elle applique sans fausse note. Interrogée mercredi par la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants sur son opinion quant à la nécessité de dévoiler davantage de documents sur les techniques d’interrogations de la CIA, elle a répondu : «Je soutiendrai ce que décidera l’Administration.»

«Nous sommes toujours en train de faire le tri dans ce dont nous avons hérité et de chercher comment améliorer les choses. Le président engage le dialogue avec des gens qui refusaient de nous parler», a souligné la secrétaire d’État lors de cette première audition au Congrès depuis son entrée en fonction. Critiquée par l’opposition républicaine comme une «diplomatie des excuses», cette politique de la main tendue porte ses fruits, selon elle.

Marquer sa différence

Sa tirade la plus ferme a visé le Pakistan : «Je crois que le gouvernement abdique fondamentalement face aux talibans et face aux extrémistes», a-t-elle dit au sujet de l’application de la charia dans la vallée de la Swat (nord-ouest du pays). Sur l’Iran, la décision de l’Administration de participer désormais à toutes les réunions des six puissances impliquées dans les négociations sur le programme nucléaire iranien «nous donne plus de crédibilité et d’influence sur les autres pays», a souligné Mme Clinton. Promoteurs du dialogue, les États-Unis brandissent parallèlement la menace de sanctions en cas d’échec : «Nous sommes plus que prêts à tendre la main à l’Iran pour discuter, a-t-elle rappelé. Mais nous mettons tout en place pour les sanctions très sévères qui pourraient être nécessaires si nos offres étaient rejetées ou si le processus échouait.» La chef de la diplomatie s’est également dite prête à reprendre les discussions sur le nucléaire avec la Corée du Nord.

Avec Cuba, l’Administration Obama s’est efforcée en quelques semaines de mettre fin à des décennies d’isolationnisme, en assouplissant les restrictions de voyage dans l’île des émigrés cubains. «L’action du président a entraîné une réaction de Raul Castro et un débat interne avec son frère Fidel Castro. C’est un régime en bout de course », a justifié la secrétaire d’État. Aux reproches sur la poignée de mains échangée par Obama avec le président vénézuélien Hugo Chavez au Sommet des Amériques le week-end dernier, elle a répliqué : «Pourquoi aurait-on peur de serrer la main de quelqu’un ? Cela ne veut pas dire qu’on abandonne nos principes. Cela peut être une opportunité pour faire évoluer le président Chavez.»

Au Proche-Orient, Obama plaide, comme ses prédécesseurs, pour la création d’un État palestinien. Hillary Clinton a précisé mercredi que les États-Unis ne traiteraient avec un gouvernement palestinien englobant le Hamas que s’il renonçait à la violence et reconnaissait Israël.

Sur tous les sujets, le tandem Obama-Clinton tente de trouver un équilibre entre ouverture et fermeté. Si les objectifs ne diffèrent pas fondamentalement de ceux de l’Administration Bush, la nouvelle équipe en place à Washington a clairement marqué sa différence en abandonnant les doctrines passées des «axes du Mal» et de la guerre unilatérale contre la terreur.

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