Edited by Robin Silberman
Barack Obama va-t-il réussir son examen de passage chez Chrysler ? L’ex-candidat qui scandait « Yes we can » est devenu président, mais il n’est pas sûr que son volontarisme ayant fait merveille pendant la campagne porte ses fruits sur le terrain industriel. Certes, le Chrysler marié à Fiat, qui pourrait sortir d’une procédure de redressement judiciaire, sera débarrassé de ses dettes et restructuré en profondeur. Daimler n’avait pas réussi à sauver un Chrysler encombré de son passif, Fiat fera, lui, essentiellement l’acquisition d’actifs. Les chances de succès de cet attelage américano-italien n’en restent pas moins faibles. Sur un marché américain de l’automobile passé de près de 17 millions d’unités, il y a deux ans, à moins de 10 millions cette année, même les forts vont souffrir. Chrysler, lui, n’a plus la confiance des acheteurs.
En avril, le constructeur, extrêmement dépendant de son marché domestique, a vendu deux fois moins de voitures qu’il y a un an et un quart de moins qu’en mai. Et la faillite ne devrait guère contribuer à améliorer son image. D’ici à 2011-2012 au mieux, l’alliance avec Fiat permettra théoriquement de lancer de nouveaux véhicules mais, en attendant, Chrysler dont les usines vont être fermées pour au moins un mois ou deux n’aura rien de neuf à vendre ! Le constructeur pourra-t-il traverser la tempête ? On peut en douter, surtout que ce navire aura désormais à sa barre bien plus d’un capitaine. Devenus premiers actionnaires de Chrysler, les syndicalistes de l’UAW risquent d’être prisonniers de leurs intérêts divergents. Comment défendre à la fois les salariés, les retraités et leur rôle en tant que copropriétaire ? En cas de nouvelle dégradation de la situation faudra-t-il baisser les salaires, couper dans les retraites ou sacrifier les nouveaux actionnaires ? Fiat, le juge des faillites et les créanciers, aujourd’hui accusés de tous les maux et traités avec un mépris à la limite de la légalité, auront, eux aussi, leur mot à dire à chaque virage stratégique. Difficile, dans ces conditions, de garder le cap. Surtout que l’Etat américain, même s’il prétend qu’il ne sera pas un « actionnaire-gestionnaire », sera sans cesse consulté et appelé à trancher en cas de conflit.
En montant en première ligne, le président Obama est devenu de fait copilote de Chrysler. Un échec du constructeur serait aussi le sien. En promettant que cette faillite sera l’amorce d’une renaissance, l’homme qui sera sans doute candidat à sa propre succession dans déjà seulement trois ans a pris un risque : celui de ne pas pouvoir tenir ses promesses.
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