Blunders in Obama's Camp

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Des bourdes dans le camp Obama 13 05 2009

Michel Gratton

Le Droit

Comme erreur de jugement, c’en était ahurissant. Le plus alarmant est que la décision provenait directement de la Maison-Blanche.

C’est arrivé sans avertissement par un beau matin ensoleillé du 27avril dans le ciel de Manhattan. Un énorme Boeing 747 bleu et blanc, flanqué par deux

chasseurs F-16, descendait pratiquement en rase-mottes, à une altitude d’à peine 1000 pieds, au-dessus de la rivière Hudson, au coeur de New York.

Dans les rues et les gratte-ciel de la métropole qui a vécu les événements terroristes du 11septembre 2001, des milliers de New-Yorkais ont réagi comme tout

être normal: ils ont été pris de panique à l’idée que le ciel leur tombait sur la tête une fois de plus.

Le Boeing 747 a fait une belle petite valse autour de la statue de la Liberté et est retourné là d’où il était venu, laissant derrière lui une foule en

déroute et un maire Michael Bloomberg estomaqué.

Le mystérieux avion était en fait nul autre que le Boeing du président des États-Unis, surnommé Air Force One, lorsque le commandant en chef est à son bord.

Sauf que, pour ce survol aberrant, il ne transportait aucun passager.

Un génie en communications de l’équipe de l’air présidentielle avait tout simplement décidé qu’il était temps de prendre de nouvelles photos de l’avion qu’on

a vu et revu pourtant depuis 30 ans dans un décor typiquement américain comme celui de Manhattan, le coeur du gigantesque. Ce qu’on appelle communément dans

le métier un photo op (pour photo opportunity.

L’indignation au fait que les militaires aient pu planifier un tel événement au-dessus du centre-ville de New York sans faire le moindre effort pour avertir

les dirigeants et la population de la ville a été bien résumé par le maire Bloomberg. « Ça défie l’imagination «, a-t-il dit en furie.

Enquête interne

Paraît-il que Barrack Obama était furieux aussi. Sauf que la décision émanait de son bureau, qui a pourtant la réputation d’avoir un quotient intellectuel

collectif supérieur à tout ce qu’on a vu avant. Il a ouvert une enquête interne à la suite de laquelle le directeur de l’Office militaire de la

Maison-Blanche, Louis Caldera, démissionnait de son poste. Mais c’était un bouc émissaire. L’enquête a révélé qu’ils étaient plusieurs dans le coup, à se

réunir et à échanger des courriels sur cette brillante initiative.

Un de ces courriels cités par l’enquête témoigne d’ailleurs éloquemment des facultés affaiblies et de la courte vision des pseudo-communicateurs qui ont

contribué à la décision. Le courriel affirme qu’un communiqué a été préparé pour l’événement, « mais qu’il ne sera émis que si on le demande. (Le vol)

intéressera probablement les médias locaux, mais la Maison-Blanche ne devrait pas recevoir de requête là-dessus. « Tout un stratège en communications!

L’enquête a aussi révélé qu’une autre session de photo semblable était prévue quelques semaines plus tard pour Air Force One et ses F-l6 au-dessus de

Washington, qui a été également victime d’un attentat le 11septembre 2001. Cette session a été annulée après les incidents de New York.

Ajoutons à cette accumulation sensationnelle de bêtises le fait que le vol au-dessus de Manhattan a coûté près de 330000$ aux contribuables américains…

Trop intelligents?

L’affaire a fait la manchette de tous les bulletins de nouvelles pendant deux jours et, comme toujours jusqu’ici, Barrack Obama ne semble pas avoir été

atteint par ses retombées.

Mais on se tromperait dangereusement en pensant qu’il est finalement insignifiant et sans grande importance pour l’avenir du régime Obama. Parce qu’il est

symptomatique d’un autre malaise au sein de cette Maison-Blanche où les acteurs maladroits sont trop intelligents pour leur propre bien.

Et Barrack Obama en est lui-même l’un des premiers coupables. Comme samedi dernier, au dîner annuel des correspondants de la Maison-Blanche où il a trouvé le

moyen de faire une blague qui n’avait rien de drôle sur l’incident de l’avion. Il a dit à la foule aux rires polis que ses deux enfants, Sasha et Malia,

étaient absentes de la soirée par punition pour avoir fait une randonnée de plaisir sur Air Force One au-dessus de New York.

Il n’en était pas à sa première gaucherie. Par exemple, la quétainerie des cadeaux offerts à la reine Élizabeth II et au premier ministre de la

Grande-Bretagne fait encore jaser. À la reine, un iPod contenant du film de sa dernière visite aux États-Unis. Au premier ministre Gordon Brown, des DVDs…

qui ne fonctionnent pas sur les appareils européens. Brown avait de son côté offert avec fierté au président américain un porte-crayon sculpté du bois du

célèbre navire anti-esclavage HMS Gannet…

On ne s’étendra pas sur les bourdes verbales répétées de son vice-président Joe Biden, qui, en pleine crise économique, recommande aux Américains de ne pas

être dans des milieux renfermés comme des avions à cause de la grippe porcine. Ou sur le fait que la secrétaire d’État Hillary Clinton a qualifié le Pakistan

de pays névrosé (basket case).

À la longue, en politique, une chose mine la crédibilité d’un gouvernement plus que toute autre : le ridicule.

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