California is Tempted by Legal Cannabis

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Le haschisch comme solution à la récession ? Le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, vient de se dire prêt à en discuter. Il cherche de nouveaux produits à taxer.

Lui-même, a-t-il pris soin de préciser, n’est pas favorable à une légalisation du cannabis. Mais les temps sont durs et les opinions sont en train de changer : selon des estimations largement répandues (ce qui ne veut pas dire qu’elles soient exactes), une telle démarche permettrait à l’Etat de récolter plus d’un milliard de dollars d’impôts par année. Impossible à refuser alors que la Californie se débat avec un déficit budgétaire de 20 milliards de dollars.

Le débat sur la légalisation du cannabis a une longue histoire dans cet Etat. Certains quartiers sont ravagés par les activités des gangs qui, elles-mêmes, seraient alimentées par un trafic de drogue sur lequel l’Etat n’a aucune prise du fait de son caractère illégal.

Mais c’est à la faveur de la crise économique que la question a pris un tour financier. Le « governator » Schwarzenegger : « Je ne suis jamais opposé à l’idée d’avoir un débat ouvert sur les moyens de créer des revenus supplémentaires. Et je pense que nous devrions étudier attentivement les expériences faites à l’étranger dans ce domaine ». Selon un sondage récent, 56 % des électeurs californiens se disent favorables à explorer la piste de la légalisation du cannabis pour accroître les revenus de l’Etat.

Le principe d’une taxation de la consommation, sur le modèle de l’alcool, part de l’idée que quelque 10.000 tonnes de cannabis seraient actuellement récoltées par année aux Etats-Unis, dont on estime les bénéfices à plus de 100 milliards de dollars. Paradoxalement, ces chiffres se fondent principalement sur des études entreprises en son temps par l’administration de George Bush, qui cherchait ainsi à rassembler davantage de moyens pour lutter contre le marché de la drogue. Aujourd’hui, ces mêmes chiffres sont néanmoins jugés comme une « hallucination » par les opposants à une légalisation, qui se confondent souvent avec l’électorat républicain traditionnel.

L’argument financier fait bien sûr le délice de ceux qui chevauchent le cheval de la légalisation du cannabis depuis des années. Au Parlement de Sacramento, le démocrate de San Francisco Tom Ammiano a déposé un projet de loi visant à une libéralisation complète. Mais il faudra attendre la prochaine session parlementaire pour qu’il soit débattu.

Le virage Obama

La Californie compte parmi les 13 Etats américains dans lesquels l’usage du cannabis est autorisé à des fins exclusivement médicales. Depuis 1996, date de l’adoption de la loi par l’Etat, les boutiques de marijuana ont fleuri aux quatre coins de la Californie, principalement à Los Angeles et à San Francisco. Mais cet usage reste interdit par la législation fédérale. La police continue ainsi d’effectuer des dizaines de raids pour fermer ces « dispensaires » et infliger de lourdes sanctions à leurs propriétaires.

Avec l’arrivée à la présidence de Barack Obama, les tenants d’une libéralisation ont voulu croire à un changement général de climat. Lors d’une visite récente au Mexique, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a pour la première fois suggéré que les problèmes liés aux trafics de drogue doivent se résoudre d’abord en agissant sur la demande des consommateurs et non en misant uniquement sur la répression. A cela, les tenants d’une légalisation veulent voir s’ajouter quantité d’autres signes prometteurs, telle la sanction relativement légère encourue par le nageur olympique Michael Phelps, ce héros de la nation pris la pipe à eau à la main.

A peine nommé, le nouvel attorney general Eric Holder a promis de ne plus lancer les agents fédéraux à l’assaut des cultivateurs pour autant qu’ils ne contreviennent pas aux lois des Etats. Cependant, des remarques de Barack Obama ont fait l’effet d’une douche froide sur les « pro-haschisch ». « Je ne crois pas que ce soit une bonne stratégie pour relancer notre économie », répondait-il à une question d’un internaute sur les effets d’une libéralisation du cannabis sur la croissance et la création d’emplois. Par le passé, lorsqu’il cherchait un premier mandat de sénateur à Washington, Obama s’était clairement montré en faveur d’une légalisation.

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