American Ambitions forPeace in the Near East

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Obama veut relancer «vigoureusement» le processus de paix israélo-palestinien. Plus ambitieux que tous ses prédécesseurs à la Maison-Blanche, il s’apprête à demander à toutes les parties de franchir leurs «lignes rouges» respectives pour parvenir à la paix.

Obama met dans la balance son immense popularité internationale et la nouvelle crédibilité de son Administration dans le monde arabe. Il n’est pas certain que ses partenaires soient à la hauteur de ses ambitions, qu’ils aient les capacités à faire accepter d’importantes concessions par leurs camps respectifs, ou, tout simplement, que le conflit soit soluble en l’absence de la volonté des intéressés. Le plan de paix qu’Obama devrait présenter le 4 juin prochain dans son discours au Caire diffère des nombreuses initiatives précédentes en fixant d’emblée le statut des réfugiés de 1948 et la question de Jérusalem, plutôt que de s’enliser dans d’interminables pourparlers.

Élaborées en coopération avec le roi de Jordanie Abdallah II, les propositions américaines reprendraient dans leurs grandes lignes celles de la Ligue arabe de 2002, qui proposait la reconnaissance d’Israël en échange de la création d’un État palestinien souverain dans les Territoires occupés en 1967, et un juste règlement de la question des réfugiés palestiniens. Ce plan aurait été modifié pour le rendre plus acceptable par les Israéliens, qui y avaient vu à l’époque un ultimatum du monde arabe plus qu’une proposition pacifique.

Selon le quotidien palestinien basé à Londres, Al-Qods al-Arabi, le futur État palestinien serait démilitarisé, sans contrôle de son espace aérien et de ses frontières, avec Jérusalem-Est pour capitale. Les lieux saints, situés dans la vieille ville, seraient placés sous juridiction internationale, comme dans le plan de partition de la Palestine mandataire de 1947, refusé à l’époque par les Arabes. Un échange territorial serait prévu pour régler la question des grandes colonies israéliennes de Cisjordanie.

Concessions inenvisageables

Les Palestiniens abandonneraient de leur côté le droit au retour des réfugiés. Ces derniers pourraient s’installer dans le nouvel État, ou se verraient accorder la nationalité des pays arabes dans lesquels leurs camps sont installés depuis 1948.

Ces points représentent des concessions jusqu’à présent inenvisageables pour les Israéliens comme pour les Palestiniens. Les Israéliens ont reconquis Jérusalem en 1967, et en ont fait depuis 1980 la capitale unifiée de l’État d’Israël. Qu’elle ne soit pas reconnue internationalement n’enlève rien à la force du symbole pour Israël. Nétanyahou a rappelé jeudi à l’occasion de la cérémonie marquant le 42e anniversaire de la conquête de la partie orientale de la ville, que «Jérusalem unifiée est la capitale d’Israël. Jérusalem a été et sera toujours à nous. Elle ne sera jamais plus divisée et scindée», a-t-il ajouté.

Tout aussi problématique serait du côté palestinien l’abandon du droit au retour des réfugiés de 1948, dont les descendants vivent encore dans les mêmes camps, conservant pieusement les clés de leurs maisons depuis longtemps disparues. «Même s’il acceptait de renoncer au droit au retour, il n’est pas certain que Mahmoud Abbas aurait le poids politique nécessaire pour faire accepter un tel accord à sa population», explique un diplomate. Son gouvernement de plus en plus contesté, jusque dans les rangs du Fatah, soutenu à bout de bras par l’aide financière internationale, le président palestinien apparaît comme un dirigeant bien affaibli pour engager l’ensemble des Palestiniens dans des concessions aussi cruciales.

D’autant qu’une autre partie s’est ajoutée à l’Autorité palestinienne depuis l’élaboration du plan de paix de la Ligue arabe : le proto-État palestinien du Hamas à Gaza, qui refuse d’avance toute concession.

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