Obama Squares Offwith Dick Cheney

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En politique, on a rarement le luxe de pouvoir choisir ses adversaires. Surtout quand on est président des États-Unis et qu’on doit quotidiennement choisir entre une décision impopulaire et une décision un peu moins impopulaire.

Mais, s’il y en a un qui venait au bas de la liste des détracteurs à prendre au sérieux pour Barack Obama, c’est bien Dick Cheney. Vice-président des derniers huit ans, Cheney a l’insigne honneur d’avoir quitté Washington avec une cote de popularité inférieure à celle de George Bush, le président devenu le plus honni de l’histoire récente.

Nombreux sont les Américains qui tiennent Dick Cheney responsable des pires abus commis par le régime Bush, dont la guerre en Irak, la torture de certains prisonniers dits terroristes, les accrocs à la loi et au document sacré de la Constitution américaine.

À la personnalité tranchante et au discours intransigeant, guidé par la peur de « l’ennemi «, l’ancien vice-président cadre mieux avec l’image qu’on pourrait se faire d’un tyran que de celle d’un élu du peuple. Pourtant, en plus de ses deux mandats à la vice-présidence, il avait d’abord été élu et réélu cinq fois. C’est dire qu’il y a des Américains qui sont d’accord avec sa vision apocalyptique d’un monde en perpétuel combat entre les bons et les méchants. Lui est un bon, évidemment.

Mais, pour la majorité des observateurs, ses meilleurs jours étaient derrière lui. On le croyait en fait fini, presque enterré. C’est donc dire que lorsque Cheney s’est mis à déblatérer contre Barack Obama devant des auditoires et sur les tribunes téléphoniques d’extrême-droite, les grands médias lui ont donné une importance polie. Après tout, il était vice-président.

D’autant plus que Cheney avait décidé de sortir de la retraite pour défendre l’utilisation de ce qu’il qualifie de «techniques rehaussées d’interrogatoire» par la CIA, c’est-à-dire la torture. Il s’en prenait en fait à toutes les politiques du régime Obama touchant la sécurité de la nation et les relations internationales. Le nouveau président, soutenait-il, avait rendu l’Amérique moins sécuritaire face au terrorisme. C’était là le vrai message. Du Cheney tout craché, inspirant les Américains à la peur plutôt qu’à faire le bien.

Sous-estimé

On croyait alors que l’ex-vice-président prêchait dans le désert. Tout au plus à une poignée d’idéologues que plus personne ne veut entendre. C’était gravement sous-estimer ce vieux chacal de la politique et le réflexe naturel de la population américaine à embrasser la peur comme prétexte pour se barricader contre tous les mauvais esprits.

Dick Cheney a continué pendant des semaines à colporter ses alertes de fin du monde imminente. Avec le résultat que, la semaine dernière, nous avons eu droit à un affrontement entre lui et Barack Obama qui avait curieusement des allures de débat de campagne électorale.

À quelques secondes d’intervalle, les deux hommes ont livré deux discours radicalement opposés sur leurs visions respectives de la sécurité du pays. Les réseaux de nouvelles télévisées 24heures les ont retransmis en direct avec enthousiasme. Cheney a même retardé le sien d’une vingtaine de minutes pour être en mesure de suivre immédiatement celui du président Obama.

En voici deux extraits qui illustrent bien le choc de deux philosophies aux antipodes.

Obama : « Les décisions prises au cours des derniers huit ans ont créé […] un cadre qui ne respectait ni nos traditions légales, ni nos institutions historiques. Nous avons échoué en n’utilisant pas nos valeurs comme boussole. Comme commandant en chef, je vois les renseignements de nos agences secrètes, j’ai la responsabilité de garder le pays en sécurité, et je rejette l’assertion selon laquelle il s’agit des méthodes d’interrogatoire les plus efficaces.

Elles minent la règle du droit. Elles nous aliènent du reste du monde. Elles servent de propagande de recrutement aux terroristes. Elles encouragent nos ennemis à lutter contre nous, tout en minant la volonté des autres à nous aider. En somme, elles n’ont pas avancé notre lutte au terrorisme, elles l’ont fait reculer. C’est pourquoi j’y ai mis fin une fois pour toutes. «

Gaffeurs

Cheney: « Les gens qui déforment constamment la vérité de cette façon ne sont pas en position de faire la leçon à quiconque sur nos valeurs. […] Dans ce pays, nous connaissons la différence entre la justice et la vengeance.

De dire que les techniques rehaussées d’interrogatoire étaient de la torture est de diffamer les officiers de nos agences qui ont sauvé des vies américaines et de dépeindre les terroristes et les meurtriers comme des victimes innocentes. Plus encore, de bannir l’utilisation de ces méthodes à l’avenir est d’une extrême imprudence. C’est de la témérité déguisée en vertu et la sécurité du peuple américain en est amoindrie. «

Doit-on dorénavant prendre les élucubrations de Dick Cheney au sérieux? À la lettre, non. Mais, sur le fond plus large de la question de sécurité nationale, disons simplement ceci : Ce sont les prétendus alliés démocrates de Barack Obama qui ont défait au Sénat une mesure présidentielle visant à fermer la prison de Guantanamo à Cuba. Pourquoi? Parce qu’ils ne veulent pas des prisonniers d’Al Qaïda dans leur cour. Une décision inspirée par une chose : la peur. Pas fou, Dick Cheney les en félicite.

Les démocrates du Congrès, menés par deux gaffeurs comme Nancy Pelozzi et Harry Reid, sont en voie de démontrer qu’ils sont tout aussi inefficaces et incompétents avec le pouvoir absolu qu’ils l’étaient dans l’opposition.

Avec des amis comme ceux-là, Obama n’a pas besoin de Dick Cheney.

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