La crise financière et immobilière a touché de plein fouet le “Golden State”. Les électeurs viennent de refuser les hausses d’impôt préconisées par le gouverneur Arnold Schwarzenneger. La Californie a maintenant un besoin impératif de l’aide de Washington. Explications.
« Votre succès dépendra de deux facteurs : la pluie dans le Nord et une économie robuste. Et il n’y a rien que vous puissiez faire à leur sujet ». Gray Devis, l’ancien gouverneur démocrate avait prévenu l’actuel républicain, Arnold Schwarzenneger. Manque de chance, pour l’ancien champion de culturisme, devenu star à Hollywood, la crise est passée par là. Et la Californie souffre bien plus que les autres. Avec un taux de chômage de 11,2% en mars, elle devance de 3 points la moyenne nationale. Or ce grand Etat de 37 millions d’habitants, à l’économie puissante et diversifiée, a des finances publiques désastreuses. Chaque seconde, le déficit budgétaire californien augmente de 500 dollars. Selon les dernières estimations, il devrait atteindre en juillet 2009 entre 15 et 21 milliards de dollars. Et pour la première fois depuis 1938, les recettes budgétaires vont même reculer en mai
En cause, la baisse des recettes fiscales. Pionnier dans le développement des subprime, la Californie paie aujourd’hui ses excès : l’Etat abrite ainsi 13 des 25 villes où les saisies de logement sont les plus élevées. En avril 2009, près de 100 000 procédures ont été lancées sur le seul territoire californien, soit près d’un quart des saisies nationales. En réaction à la montée des impayés et des faillites bancaires, le crédit immobilier est devenu rare et cher. La chute des prix des logements, et celle des transactions a fortement impacté les droits de mutation. Des pertes qui sont venues grever directement des finances publiques déjà très mal en point.
La Californie n’est pas le seul Etat américain à souffrir de problèmes budgétaires. Le Kansas par exemple retarde régulièrement le remboursement de l’impôt sur le revenu. L’Etat de Washington aussi a dû couper dans ses budgets. Mais il y a, avec la Californie, une particularité politique de taille, qui envenime la crise.
La panne politique
C’est l’un des 3 seuls Etats fédéré à exiger une majorité des 2/3 du Parlement pour approuver le budget. Or l’Etat est en cohabitation – le parlement est démocrate, et le gouverneur, républicain : chaque fois que le budget doit être voté, c’est la même querelle. Les premiers sont favorables à la montée de l’impôt, les autres non. Un mécanisme qui engendre la paralysie.
Pour ne rien arranger, la démocratie directe est en passe de supplanter la démocratie représentative. Election après élection, de plus en plus de questions sont posées directement au public. Or les Californiens sont exigeants. Habitués à vivre au dessus de leurs moyens, ils refusent de limiter leur dépense et répugnent à augmenter les impôts. Renforcer les recettes fiscales devient alors quasiment impossible. A près de 70% les californiens ont d’ailleurs rejeté la hausse d’impôt sur la consommation, les revenus et les véhicules ce mardi, un train de mesure qui étaient censées assainir les finances publiques.
Arnold Schwarzenegger avait prévenu : en cas de rejet du référendum, une hypothèse qui amène le déficit au dessus de la barre de 21 milliards de dollars fin 2009, l’Etat devra donc agir. Drastiquement. Le gouverneur a prévu de licencier 5000 professeurs, de libérer 19 000 prisonniers, de réduire le budget des écoles et des universités, de raccourcir l’année scolaire et de tailler dans les dépenses sociales. Pas sûr que les Californiens y gagnent au change, même si d’autres pistes sont toujours à l’étude comme l’imposition des ventes de marijuana, ce qui passerait par sa légalisation – l’Etat estime à 1,3 milliards les recettes fiscales que pourraient rapporter les taxes sur la culture du cannabis. Ou encore la vente des prisons et des stades. Mais pas de quoi sortir l’Etat de la crise de liquidités à laquelle il devra prochainement faire face si l’on en croit les mises en garde de son gouverneur.
Alors, en faillite, la Californie ? Sans doute pas. L’Etat fédéral ne devrait pas laisser tomber cet Etat qui comprend 37 millions d’habitants, soit un Américain sur 8. Le “Golden State” recevra une large part du plan de relance du président Barack Obama. Selon les experts, la Californie peut espérer entre10 et 14 milliards de dollars. Mais Washingon exigera des contreparties, même s’il est encore trop tôt pour dire lesquelles.
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