The Destiny of GM and theUnited States are Now One

<--

Dans les années 1950, le patron de General Motors aimait dire que «ce qui est bon pour le pays est bon pour GM, et vice versa». Au sommet de sa puissance dans les années de l’après-guerre, le groupe automobile ne faisait symboliquement qu’un avec les Etats-Unis. L’ironie veut qu’un demi-siècle plus tard GM fasse cette fois réellement corps avec le pays. Acculé au dépôt de bilan, le groupe a été nationalisé hier par le gouvernement de Barack Obama. Plus que jamais, les destins de la Générale des Moteurs et de Washington sont unis.

Quel désastre! Pour en prendre la (dé)mesure, il est en effet bon de remonter aux années 1950 et 1960. Auréolé de son rôle décisif dans l’effort de guerre il est en effet bon de remonter aux années 1950 et 1960. , GM détenait plus de la moitié du marché automobile aux Etats-Unis. Il représentait 10% de l’économie nationale. Le groupe de Detroit était de loin la plus grosse entreprise du monde, toutes catégories confondues. Cadillac dotait ses voitures d’ailerons inspirés des avions de chasse P-38 Lightning. GM inventait le design automobile, mettait sur pied des techniques de marketing et de management qui allaient être copiées partout, mettait beaucoup d’argent dans la recherche et le développement. Ses marques correspondaient à chaque échelon de l’échelle sociale, Chevrolet en bas, Cadillac en haut. A l’Exposition universelle de New York, en 1964, c’était à GM que l’on laissait le soin d’imaginer le futur, où l’être humain colonisait l’ensemble de l’Univers. Quelques années plus tard, c’est bien un véhicule (électrique) de General Motors qui roulera sur la Lune.

Publicité

Pour le dire autrement, aucune autre entreprise n’a été aussi influente dans le passé, aussi arrogante dans sa domination, et aussi pitoyable dans sa chute, si rapide. Un professeur d’économie de l’Université de Pennsylvanie notait hier que la faillite de GM ouvrait «un nouveau chapitre dans les livres sur l’histoire du capitalisme américain».

Tout reste à écrire, pour GM, dans ce nouveau chapitre aux périls et rebondissements innombrables. Le titan d’hier peut mordre la poussière une bonne fois pour toutes. Il peut aussi réinventer l’automobile: il a encore les ingénieurs, l’expérience et les moyens industriels pour accomplir cette tâche presque impossible. Il a aussi, désormais, un carburant qui en vaut bien d’autres: la rage froide née de l’humiliation.

About this publication