Barack Obama: Mediator Extraordinaire?

<--

Le ton a changé, indéniablement. Bien davantage que sur les questions économiques, on attendait beaucoup Barack Obama sur la politique étrangère de la superpuissance. Avec le discours prononcé hier à l’Université du Caire, le jeune président a bouclé un premier round d’observation planétaire non dénué de promesses.

La semaine aura été chargée en symboles. Après l’accord des Etats-Unis, mercredi, à la réintégration de Cuba au sein de l’Organisation des Etats américains (OEA), la reconnaissance explicite, hier, du droit de Téhéran à l’énergie nucléaire a confirmé la disponibilité nouvelle des Etats-Unis au dialogue. Evidemment, l’appel du pied fait aux Iraniens, à quelques jours de leur scrutin présidentiel, vise en premier lieu à affaiblir le candidat Ahmadinejad. Mais les propos sur le conflit israélo-palestinien soulignent aussi cette évolution. Ainsi, après le passage obligé sur le «lien inébranlable» avec Israël et la mention de la «solution à deux Etats», le président étasunien a mis en exergue les «souffrances palestiniennes» et lâché cette sèche sentence: «Il est temps que la colonisation cesse.»

Les signes d’un rééquilibrage de la position étasunienne se sont doublés d’un plaidoyer remarqué en faveur de la tolérance religieuse et du respect de l’islam, qui tranche de façon évidente avec les appels à la croisade de George W. Bush. En somme, là où son prédécesseur s’était fourvoyé en empereur-missionnaire, Barack Obama joue la carte du «bon souverain», prêt à cogérer sur pied d’égalité les problèmes de la planète.

Le ton a changé, donc. Mais la politique? En appelant à la bonne volonté des Israéliens et des Palestiniens mis dos à dos, Barack Obama tente de se placer, comme naguère Bill Clinton, en position de médiateur. Mais l’intransigeance d’Israël rendra rapidement intenable cette position. Personne n’ignore que, sans l’aide militaire, financière et politique du protecteur d’outre-Atlantique, l’occupation des territoires palestiniens ne serait déjà qu’un vilain souvenir.

Cette alliance géostratégique prioritaire avec Israël, la classe politique étasunienne paraît bien décidée à la conserver. La semaine dernière, il s’est trouvé plus de 400parlementaires pour rappeler à leur président que sa mission n’était pas de favoriser une paix juste et équitable mais d’«aider Israël» à faire la paix avec ses voisins… Médiateur et otage d’un lobby: pas sûr que le mariage soit fécond!

Sans nier le virage proposé par Barack Obama, jusqu’à preuve du contraire, les dimensions impériales de la politique étasunienne continuent et continueront de dominer. Le président peut bien vanter le retrait d’Irak (une fois la mainmise assurée sur ses ressources), cela ne l’empêche pas d’augmenter encore le budget militaire (750milliards de dollars !) et d’envoyer ses GIs en Afghanistan et au Pakistan. Se présenter en partenaire respectueux des souverainetés est foncièrement hypocrite, lorsqu’on dispose d’une centaine de bases à travers le monde et que l’on prouve régulièrement qu’elles sont là pour servir! Le monde arabe –et plus largement le Sud– commencera peut-être à croire que les Etats-Unis ont changé, le jour où leur président présentera des excuses pour l’invasion de l’Irak et renoncera à son panache impérial.

About this publication