Obama and the Two-State Solution

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Ce fut un bon discours sous tous les aspects. Il devrait contribuer à amoindrir, dans une certaine mesure, la méfiance du monde musulman à l’égard des États-Unis.

Mais pour ce qui concerne le problème central qui divise Américains et Arabes depuis plusieurs décennies – le conflit israélo-palestinien – il faudra plus que des mots.

Ce que Barack Obama a dit au Caire paraît plutôt sensé: «la seule résolution consiste à répondre aux aspirations des uns et des autres en créant deux États, où Israéliens et Palestiniens vivront chacun dans la paix et la sécurité […] C’est pourquoi je compte personnellement poursuivre un tel objectif avec toute la patience et le dévouement qu’il exige.» Mais ce qui était encore possible il y a vingt ans est beaucoup plus difficile aujourd’hui.

La solution à deux États

Il y a vingt ans, Yasser Arafat, président de l’Organisation de libération de la Palestine, venait tout juste d’accepter la nécessité de s’accommoder d’un État palestinien dans les 22% du territoire palestinien non incorporés à Israël après la guerre d’indépendance de 1948-1949. La loi israélienne interdisait encore les négociations avec l’OLP et il aurait fallu encore plusieurs années avant qu’Israël n’accepte officiellement cet objectif dans les accords d’Oslo. Mais l’heure était à l’espoir au Moyen-Orient.

Les deux camps avaient l’impression de faire d’énormes concessions, mais faire des concessions réalistes, c’est céder ce que l’on n’a jamais vraiment eu. Les Palestiniens n’ont jamais eu le moindre espoir de retrouver leurs maisons perdues dans ce qui est aujourd’hui Israël, que ce soit par la négociation ou par la force. Les Israéliens pouvaient s’accrocher militairement à la Cisjordanie et à la bande de Gaza, mais au prix de se retrouver dans un pays contenant plus de Palestiniens que de Juifs.

Alors autant conclure un accord et continuer à vivre. C’est ce qu’Arafat et le premier ministre israélien de l’époque Yitzhak Rabin avaient décidé de faire lorsqu’ils ont signé les accords d’Oslo en 1993.

Et cela se serait d’ailleurs produit si Yitzhak Rabin avait vécu. Mais il a été assassiné en 1995 par un extrémiste israélien opposé au retrait d’Israël des territoires occupés. Il a ensuite été remplacé par celui qui vient de faire son retour au poste de premier ministre à l’issue des récentes élections israéliennes: Benyamin Nétanyahou.

La désillusion

Durant son premier mandat de premier ministre entre 1996 et 1999, Nétanyahou s’est employé avec succès à différer les étapes vers l’indépendance palestinienne tracées par les accords d’Oslo. Lorsqu’il a quitté sa fonction, Israéliens comme Palestiniens ne se faisaient plus d’illusions.

Ce désenchantement a facilité l’ascension du grand rival de l’OLP, le Hamas, qui fait écho à la droite israélienne et rejette en bloc l’idée de deux États. D’après les sondages d’opinion, la solution à deux États continue de bénéficier du soutien de la majorité des Israéliens comme des Palestiniens, mais d’une majorité réduite au fil des ans.

Plus important encore, tant le Hamas côté palestinien que le Likoud et ses alliés plus extrêmes côté israélien, sont en mesure de saboter un accord sur la création de deux États. Dans la bande de Gaza, le Hamas contrôle directement plus d’un tiers de la population palestinienne. Étant donné le mode de scrutin proportionnel en Israël, il devient de plus en plus difficile de former un gouvernement de coalition sans la participation d’au moins un des partis décidés à bloquer un tel accord. Depuis des années, la solution à deux États est sous assistance respiratoire.

Une réanimation n’est pas impossible, mais elle sera très difficile. Nétanyahou ne pourra pas accepter la création d’un État palestinien et l’abandon des colonies israéliennes en Cisjordanie sans détruire sa coalition gouvernementale. L’OLP ne pourra pas consentir à la place du Hamas à une solution à deux États. Or, si on ne prend pas en compte la bande de Gaza dans la négociation, le projet de deux États ne tient plus.

Le plan Obama

Alors si Obama est aussi sérieux qu’il en a l’air en oeuvrant en faveur de cette solution, sa stratégie doit viser deux objectifs intermédiaires: saper la coalition de Nétanyahou en Israël et évincer le Hamas de la bande de Gaza.

Ces deux objectifs nécessitent la même politique à Washington: une opposition ferme et clairement exprimée et à toute nouvelle expansion des colonies israéliennes (y compris par «croissance [démographique] naturelle») et un soutien déterminé et cohérent à la création d’un État palestinien véritablement indépendant.

En ce qui concerne le premier objectif, Obama a plutôt bien démarré, en annonçant franchement à Nétanyahou que les promesses secrètes faites au Likoud par le président George W. Bush sur le maintien des colonies sont caduques depuis le départ de l’ex-président américain. Maintenant, il doit commencer à travailler l’équation du côté palestinien. Peut-être devrait-il aller en Cisjordanie pour son prochain grand discours?

Gwynne Dyer est un journaliste indépendant canadien, basé à Londres, dont les articles sont publiés dans 45 pays.

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