Iraq: The Test

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Editorial

Irak : le test

LE MONDE | 27.06.09 | 17h21 • Mis à jour le 29.06.09 | 16h30

Le mardi 30 juin, conformément à la volonté de Barack Obama et à celle du gouvernement irakien de démontrer que les autorités de Bagdad sont prêtes à reprendre en main les destinées du pays, toutes les troupes américaines “de combat” vont évacuer les villes d’Irak.

Pour le premier ministre, Nouri Al-Maliki, qui a âprement négocié ce “redéploiement” avec Washington, il s’agit d’une étape cruciale sur la voie du retrait total des 130 000 soldats étrangers d’ici au 31 décembre 2011. Et, par conséquent, d’une “victoire historique” qu’il convient de célébrer comme le début de la fin d’une occupation militaire qui dure depuis plus de six ans.

Pour les officiers américains qui souhaitaient pouvoir conserver leurs bases urbaines dans les quatre grandes villes encore régulièrement “troublées” par des violences (Bagdad, Mossoul, Kirkouk et Bakoubah), l’opération est un test grandeur nature de la capacité irakienne à maintenir l’ordre et la sécurité. Volontariste, M. Maliki s’affirme “certain” que les 700 000 hommes de ses forces de sécurité (policières et militaires) y parviendront. Certains, en Irak comme à Washington, en doutent ouvertement.

La recrudescence des attentats enregistrée ces derniers jours démontrerait, selon eux, qu’en l’absence, déjà presque totale, des Américains des villes, les rebelles font ce qu’ils veulent. C’est faux. S’il est impossible d’identifier la provenance des poseurs de bombes qui tuent essentiellement des civils de la majorité confessionnelle chiite, la mise en perspective de ce qui se passe oblige à relativiser.

Depuis le début de cette année, quelque 1 800 Irakiens ont été tués dans des attentats et assassinats ciblés. C’est trois fois moins que pour la période correspondante de 2008, et sans commune mesure avec l’hécatombe de 2006 et 2007, quand quelque 2 000 personnes étaient tuées chaque mois dans la guerre civile entre majorité chiite et minorité sunnite. L’objectif des tueurs, qu’il s’agisse d’extrémistes chiites ou sunnites, est de d’enclencher une nouvelle spirale de massacres interconfessionnels. La reconstruction de l’Etat en serait entravée et le redéploiement, puis le rapatriement des forces américaines repoussé.

Car les soldats de Barack Obama ne partent pas très loin : ils se replient dans des bases voisines des villes et restent, selon les accords conclus, à la disposition de Bagdad au moins jusqu’à la fin août 2010. Leur rappel en ville serait évidemment un échec.

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