44 démocrates ont lâché Obama
Par Pierre-Yves Dugua le 29 juin 2009 14h51 | Lien permanent | Commentaires (14) | Trackbacks (0)
Si le texte voté par la Chambre des Représentants cette semaine était adopté par le Sénat, les Etats-Unis réduiraient d’ici 2020 leurs émissions de CO2 à 17% en dessous de leur niveau de 2005. C’est moins ambitieux que beaucoup le voudraient. Notamment en Europe. Mais pour Barack Obama, ce serait un début.
En fait ce vote arraché au prix d’une forte implication du Président, augure mal du reste du combat législatif. 219 députés ont voté pour le texte, alors que 212 se sont prononcés contre. 44 démocrates ont ainsi refusé de suivre leur Président qui leur a personnellement téléphoné pour les convaincre.
Au Sénat où la majorité démocrate est plus étroite, et où les élus sont bien plus indépendants encore, le projet de loi s’annonce encore moins ambitieux.
Le fait que le Président Obama n’ait pu obtenir une marge plus confortable est une mauvaise nouvelle pour ceux qui rêvaient de voir les États-Unis jouer un rôle moteur dans la dynamique mondiale de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Encore plus inquiétant: le texte peu ambitieux, qui prévoit des aides à de gros émetteurs de CO2 comme les générateurs d’électricité à partir du charbon, n’a pu passer qu’au prix de l’incorporation dans la nuit d’un amendement protectionniste. Il donne au Président le droit d’imposer des droits de douane sur les produits de pays qui ne réduisent pas assez leurs émissions…Barack Obama a depuis rejeté cet amendement, reconnaissant lui-même qu’il est probablement contraire aux règles de l’OMC.
Ce dossier illustre une réalité importante qui échappe encore à beaucoup d’européens: Barack Obama est un Président comme les autres. Sa réelle popularité lui donne une bonne chance de faire avancer ses promesses, mais ne lui donne pas la possibilité d’obtenir tout ce qu’il souhaite d’un Congrès pourtant démocrate.
On va observer le même phénomène avec son projet de réglementation financière. Il est relativement peu ambitieux. Il est même en deça de ce qu’aurait voulu faire George W. Bush. Et pourtant beaucoup de démocrates sont contre certains aspects de cette réforme. Notamment pour ce qui est de donner à la Fed des pouvoirs supplémentaires pour surveiller les risques bancaires systémiques.
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