Michael Jackson a commencé en enfant prodige, il a fini en monstre-enfant. Comme par hasard, dans leur sens primitif, les deux mots se rejoignent. Monstre et prodige.
Avant de désigner un personnage horrible, le mot «monstre» décrivait le fruit d’un miracle, un être surnaturel, prodigieux, donné à voir par Dieu comme un signe mystérieux.Il semble bien toutefois que l’enfant prodige qui épate la foule ne soit pas seulement un projet divin…
La fabrication d’un enfant prodige pour la consommation générale est un projet d’adultes. Un projet qui suppose de le déposséder de grands bouts de son enfance, ce qui ne va pas sans périls.
Il me semble que, par définition, l’enfant prodige est un enfant maltraité.
Il y a souvent derrière le spectacle miraculeux du génie enfantin ou du monstre de talent une exploitation plus ou moins consciente, plus ou moins malade. Certains s’en tirent sans dommages, j’en conviens. Certains.
Dans le cas de Jackson, il s’est plaint d’avoir été tyrannisé et battu par un père violent, qui exigeait la perfection. S’il suffisait d’être maltraité pour être prodigieux, les candidats au génie musical seraient nombreux. Mais il ne suffit pas non plus d’avoir du génie pour être cet enfant prodige. Il faut quelqu’un pour décider de le mettre en scène.
Est-ce qu’on peut être Michael Jackson sans y être poussé, j’allais dire forcé? Et même si c’était possible, peut-on l’être impunément? Je veux dire: être une grande vedette américaine dès l’âge de 10 ans?
Il a réussi non seulement à sortir du giron familial, mais à atteindre des sommets à l’âge adulte en s’inventant une carrière solo sans pareil, ce qui n’est pas donné à tous les enfants prodiges. Sans doute.
Mais quand il a eu des millions par centaines, il s’est acheté un ranch qu’il a transformé… en parc d’attractions privé.
Il s’est mué en pathétique Peter Pan. Il s’est défait de ce nez, dont son père riait. Il s’est loué des enfants pour venir jouer dans son Neverland. Il s’est monté une enfance-spectacle. Ensuite, après toutes ces allégations de pédophilie, ces règlements pour des millions, et à travers un procès-spectacle de six mois où on lui a fait jouer le rôle du monstre, il a essayé de jouer à l’adulte. Il a fait trois enfants, deux garçons et une fille.
On n’est pas surpris d’apprendre qu’il n’a pas pu s’en occuper. Les enfants ne sont pas faits pour élever des enfants.
Les trois portent le prénom de «Michael».
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