Michael Jackson Does Not Exist

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Qui était Michael Jackson ?

– Michael Jackson n’existe pas. Il porte en lui une merveilleuse irréalité. Un jour, une de ces fans lui à même demandé s’il allait aux toilettes. C’est un monstre. Tout est post-humain, supra-humain, méta-humain chez lui, à commencer par son mariage avec la fille d’Elvis Presley : une sorte d’eugénisme pharaonique. Le plus romanesque, dans cette triste disparition, c’est que Barack Obama s’apprête à rendre hommage au plus célèbre pédophile de la planète.

Quelle part de son succès est à mettre au crédit de sa gestuelle et de la mise en scène ?

– Kafka n’est que littérature, Michael Jackson n’est que show business. C’est un disciple de Barnum et de Fred Astaire. Ici, tout est funk, simulacre et simulation. Dès son enfance, il voit son effigie en dessin animé avec les Jackson Five. Dans “Thriller”, il est grimé en zombie. Il deviendra ce zombie.

Quel a été le sommet de sa carrière ?

– “Billie Jean” est son chef d’oeuvre. C’est une chanson sur la filiation, une question problématique pour Michael Jackson dont le père était violent. Il me semble que son dernier album, “Invincible”, a été sous-commenté. Il est sorti le 30 octobre 2001, au lendemain des attentats du 11 septembre. Ma théorie, c’est que Michael Jackson a trouvé en Ben Laden un rival dans le barnum. Un barnum macabre, cette fois. Les terroristes portent ombrage aux pop stars. En 2001, le plus grand showman n’est pas Michael Jackson. Oussama, hélas, éclipse Bambi.

Adulé comme un demi-dieu dans les années 80-90, comment sa stature a-t-elle pu s’infléchir jusqu’à devenir pour certain “Wacko Jacko” (“Jacko le timbré”) ?

– Attention, il a toujours mis en scène sa folie. La photo où on le voit respirer dans une caisse d’oxygène est une photo qu’il a orchestrée. A la suite de ce cliché il est devenu Monsieur Oxygène. Sa vie est une version Gold du film Truman Show. Les médias le pressurent; il pressure les médias.

Mais s’il était considéré comme “wacko”, c’est pour d’évidentes questions de mœurs. Michael Jackson était un “Homo-americanus” au sens où Andy Warhol l’est dans son ouvrage “Ma philosophie de A à B et vice versa”. Warhol, dit-il, a “épousé” son magnétophone. Michael Jackson a épousé son empreinte dans les médias; c’est la même chose en plus funky.

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