At the End of the Day Race Matters

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Barack Obama vient de passer le pire mois depuis son arrivée à la Maison-Blanche. Malgré la fin de la récession promise pour bientôt, l’armée de chômeurs ne cesse de grossir, comme le nombre de déçus d’un plan de relance qui tarde à déployer ses effets. Les indices de popularité s’effilochent. La réforme du système de santé, dont le président américain a fait l’un de ses principaux combats, est aujourd’hui assaillie de toutes parts. Les démocrates conservateurs, les fameux « blue dogs » ne cessent d’aboyer leur mécontentement. Quant aux républicains, ils y voient le moyen d’attaquer de front un président de retour sur terre et devenu vulnérable. « Ce sera son Waterloo », disait récemment l’un d’eux. La fin de l’empereur Obama.

Pourtant, ce n’est pas là la seule bataille en cours. Sur la colline du Capitole, les Etats-Unis vivent comme un « remake » de l’élection qui a porté au pouvoir le premier président afro-américain du pays. Sonia Sotomayor, cette immigrée portoricaine d’origine si modeste, cette « fille du Bronx » dont les parents ne savaient pas l’anglais, devrait bientôt pénétrer le cercle fermé des juges de la Cour suprême. Elle rejoindra, pour le reste de sa vie si elle le souhaite, ces personnages qui, plus que nul autre, incarnent la continuité de l’Etat, façonnent le visage des institutions, constituent la charpente du pouvoir.

Donner crédit à Barack Obama de ce choix qui dédouble sa propre percée et multiplie du même coup sa portée ? Reconnaître la transformation des Etats-Unis qui, par la force montante des minorités, finit de ne plus se confondre avec un bastion d’hommes protestants anglo-saxons, comme le parti républicain voudrait qu’il demeure, lui qui s’en est fait le reflet de plus en plus fidèle ?

Ces temps-ci, une folle rumeur court chez certains adversaires d’Obama : il n’aurait pas vu le jour à Hawaï, aux Etats-Unis, comme l’atteste son certificat de naissance, mais en Indonésie. Par son profil, un tel président ne peut tout simplement pas être américain. Voir Sotomayor revêtir la robe des juges suprêmes, c’est donner un peu plus tort encore à ces partisans sectaires d’un monde figé. C’est ouvrir la porte à l’Amérique de demain.

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