Après le G7, le temps du G2 de la « Chinamérique » est-il arrivé ? Barack Obama, en donnant hier à Washington le coup d’envoi du premier grand sommet sino-américain de sa présidence, a repris son « Yes we can ».
Oui, les Etats-Unis et la Chine peuvent être des partenaires. Et, sur ce point, le président américain a raison. La crise oblige même les deux grandes puissances à se coordonner plus étroitement non seulement pour redonner des couleurs à la croissance et éviter ainsi une dépression mondiale, mais aussi pour faire face aux graves problèmes de l’environnement. Washington a aussi besoin de Pékin pour lutter contre les nouvelles menaces telle la prolifération nucléaire en Corée du Nord et en Iran. Mais de là à établir un mini-directoire capable de régler les problèmes de la planète, comme certains l’ont cru à Washington, il y a un pas de géant impossible à réaliser aujourd’hui. Non seulement ce G2 du XXI siècle laisserait de côté les autres puissances émergentes – Inde ou Brésil, par exemple -, mais aussi, ce n’est pas le moins, l’Europe. Cela risquerait de conduire à de nouveaux déséquilibres dans le monde. Mais trente années de normalisation des relations entre Pékin et Washington n’ont pas gommé les profondes différences entre les deux. La République populaire, même si elle a adopté le principe de l’économie de marché, reste un pays communiste autoritaire. Ses décisions sont dictées non par le souci d’un bien-être de son peuple mais par celui d’une nomenklatura décidée à se maintenir au pouvoir. La Chine ne partage pas non plus en matière de développement économique les soucis de l’Amérique, par exemple au Soudan ou en Birmanie. Elle reste plus préoccupée par son approvisionnement en énergie que par le respect des droits de l’homme. Fondamentalement, la Chine n’est ni le Japon ni l’Allemagne, pas davantage la France, la Grande-Bretagne, l’Italie ou le Canada qui partagent des valeurs communes avec l’Amérique. La crise n’a fait que mettre de côté les plus graves différends. A la différence de son prédécesseur George W. Bush, Barack Obama a mis une sourdine aux demandes américaines d’une réévaluation de la devise chinoise. Mais pour combien de temps le président américain peut-il résister aux pressions des industriels américains ? En attendant l’illusoire « Chinamérique », le dialogue resserré sino-américain a de quoi rassurer. Car Chinois et Américains sont liés par un véritable pacte faustien : quelque 800 milliards de dollars de bons du Trésor américain sont détenus par la Chine. Et les deux pays ont plus que jamais besoin de l’un de l’autre.
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