The Photo with Bill

Edited by Jessica Boesl

Proofread by Robin Silberman

<--

Québec) Sur la photo officielle, Bill Clinton apparaît aux côtés du leader nord-coréen Kim Jong-il. Il ne sourit pas. Il n’en a probablement pas envie. Il sait que l’opinion publique ne le lui pardonnerait pas. Il est donc solennel, presque glacial. N’empêche. Ce cliché est un

trophée pour le dictateur. Il le fera encadrer.

Imaginez! Lui, le chef fou d’un État voyou, a voulu que ce soit l’ancien président américain qui vienne récupérer les deux journalistes américaines emprisonnées en Corée du Nord. Et l’«ex» est venu… Il a accouru – avec l’aval de la Maison-Blanche, qui plus est.

Il a accouru, certes, et après? Où est le problème au fait? Il est faux de prétendre que l’administration Obama a récompensé la mauvaise conduite de la Corée du Nord à travers cette mission particulière.

Kim Jong-il a arraché une rencontre avec Bill Clinton, mais n’a rien obtenu sur le fond. Dépassons les apparences! Ne confondons pas l’accessoire et l’essentiel.

L’essentiel est que les comportements provocateurs de Pyongyang sur le front nucléaire – s’ils se poursuivent – soient sanctionnés plus fortement par la communauté internationale.

L’essentiel est que ce régime reprenne les discussions sur son désarmement avec les États-Unis, la Chine, la Russie, la Corée du Sud et le Japon. Autrement dit, qu’il n’obtienne pas de pouvoir négocier seulement avec les États-Unis. Il caresse ce souhait pour diviser ses vis-à-vis.

Précisons : rien de plus normal que des pourparlers informels se tiennent entre des représentants de Washington et de Pyongyang. Il serait naïf de croire qu’il n’y en a jamais eus et qu’il n’y en a pas entre Pyongyang et les autres. Ces pourparlers informels bilatéraux doivent se poursuivre.

Mais toute discussion formelle devra toujours se dérouler en groupe. Et tout éventuel accord de dénucléarisation devra se négocier dans le même cadre.

Ce n’est que si cette ligne rouge était franchie que l’on pourrait dire que le voyou Kim Jong-il a été récompensé. Or, il existe encore moins de risque que cette frontière soit transgressée aujourd’hui qu’hier.

La libération des deux Américaines aide davantage Washington que Pyongyang. Si elles étaient restées prisonnières sur son sol, la Corée du Nord aurait pu s’en servir pour faire pression sur les États-Unis. Ce ne sera pas le cas.

La photo tirée l’entretien entre l’ancien président américain et le dictateur nord-coréen ne peut être un trophée que dans l’esprit de ce dernier – dans le sien et dans celui de républicains ayant intérêt à faire croire que l’administration Obama s’est couchée devant lui.de

About this publication