Obama Shares His Mother’s Love

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Obama s’attaque au Surmoi collectif de la communauté afro-américaine, victime de “limites intériorisées”.

Le 18 juillet dernier, le président Obama a déclaré en s’adressant à la communauté afro-américaine à l’occasion du centenaire de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People, l’Association nationale pour l’avancement des personnes de couleur) :

“Il nous faut un nouvel état d’esprit, de nouvelles dispositions, parce que la façon dont nous avons intériorisé le sens des limites est l’un des héritages les plus durables et les plus dommageables de la discrimination.” Et de s’interroger : “Comment autant de gens au sein de notre communauté peuvent-ils attendre si peu d’eux-mêmes ?”

Obama fait appel à un changement de mentalité de la part de la communauté afro-américaine, il s’attaque en cela à ce que la psychanalyse appelle le Surmoi collectif de cette communauté.

Il parle en effet avec beaucoup d’intelligence et d’audace des limites intériorisées de la discrimination, c’est-à-dire ce conditionnement de l’esprit qui s’opère dès la petite enfance et qui, inconsciemment, affecte notre vision du monde, et notre positionnement dans ce monde.

C’est ainsi que devenir patron alors que ses parents, sa famille, son monde en commun, ont souffert d’une impitoyable exploitation patronale peut être ressenti comme une trahison de ses origines, au point que cela soit impossible, insoutenable.

Mêmement, le désir d’une promotion sociale peut être inconsciemment ressenti comme une trahison d’un monde en commun qui s’est constitué à travers des conditions sociales terriblement infériorisantes, comme le sont l’esclavage ou la discrimination raciale et où se sont créées, transmises et persistent des limites devenues obstacles inconscients à cette promotion.

Quel est alors le facteur qui va aider à dépasser ces limites, qui va permettre ce “nouvel état d’esprit” dont nous parle Obama ?

Il nous donne un élément de réponse : sa propre vie, a-t-il expliqué, aurait pu prendre une tout autre tournure si sa mère ne l’avait pas stimulé. “Cette mère m’a donné l’amour. Elle m’a poussé et a pris mon éducation à cœur. Elle m’a appris à distinguer le bien du mal. Grâce à elle, j’ai pu tirer le meilleur de mes capacités. J’ai pu profiter de mes opportunités. J’ai pu profiter au mieux de la vie.”

Il n’y a pas que le surmoi collectif qui soit introjecté (intériorisé), le surmoi parental, ici le surmoi maternel, l’est aussi, on sent dans les paroles du président que sa mère introjectée le pousse encore, le stimule encore, que son Moi est en harmonie avec son Surmoi maternel qui ne lui met pas (ou peu) de limites à ses aspirations, mais l’oriente vers un idéal du moi. La volonté consciente reste souvent velléitaire s’il n’y a pas la poussée d’une pulsion vitale à qui le surmoi offre le moyen de s’assouvir en l’orientant culturellement et moralement.

Cependant son Moi libre est en conflit avec le surmoi collectif qui entrave le Moi d’une partie de la communauté afro-américaine : ” la façon dont nous avons intériorisé le sens des limites est l’un des héritages les plus durables et les plus dommageables de la discrimination.”

Ce “nous” est remarquable ; Obama prend sur lui les limites de cette communauté alors qu’il les a lui-même dépassées, de façon à faire partie de cette lutte collective contre ce surmoi étouffant, à ne faire qu’un avec ceux qui ne l’ont pas dépassé, à les décharger de cette culpabilité inconsciente en prenant sur lui la trahison du passé.

Que propose-t-il alors pour dépasser cette limite ? L’éducation certes, mais pas n’importe comment, il parle de l’éducation faite par amour, et là, immédiatement il parle de sa mère.

Elle a donné de sa personne par amour, l’idéal du bien et du mal qu’elle lui enseigne, la volonté qu’elle soutient en lui portent cette charge affective. Il le dit lui-même : “Elle a pris mon éducation à cœur” “Elle m’a donné l’amour”, elle ne l’a pas fait par devoir ou comme une charge ou comme une mission intellectuelle ou politique, non, elle l’a fait par amour et avec fermeté.

Par cette confession magnifique, il fait don de sa mère à la communauté afro-américaine.

Par son entrée dans l’inconscient collectif, l’esprit de sa mère participe désormais à la lutte contre l’impuissance ressentie par les mères mais aussi par les pères qui ne croient pas pouvoir aider leurs enfants à dépasser les limites que leur fixe ce surmoi collectif, ce conditionnement communautaire.

Seul un homme qui porte en lui la lutte contre l’échec et qui, comme Moïse, a vu souffrir son peuple pouvait ainsi prendre sur lui de le sortir de ses limites introjectées, d’affronter le pharaon inconscient qui les maintient en soumission, pour en faire des hommes libres intérieurement, condition nécessaire pour jouir de la liberté extérieure.

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