Barack Obama’s Difficult Reform of Healthcare

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C’était une des promesses phares du candidat démocrate lors de la campagne présidentielle de l’année passée : la réforme du système de santé étasunien. Malheureusement, la réforme se passe de plus en plus mal, au point de poser des questions sur le président…

Une réforme nécessaire mais difficile

Le système de santé étasunien a sans doute la palme de celui qui fonctionne le plus mal. En effet, même si la santé engloutit 16% du PIB (soit 50% de plus que n’importe quel pays, voir le double de certains), non seulement le pays n’est pas mieux soigné (il est classé au 37ème rang mondial selon l’OMS) mais en plus 15% de la population n’est tout simplement pas couverte. Bref, il réalise le tour de force de ne pas couvrir tout le monde, tout en étant le plus cher et peu efficace…

C’est pourquoi la réforme proposée par le nouveau président pouvait paraître évidente. Son objectif est double : réduire les coûts et couvrir l’ensemble de la population. A priori, rien de choquant. Sauf que le débat aux Etats-Unis est devenu une caricature complètement déconnectée de la réalité. Les partisans du statut quo (dont on se demande comment ils peuvent s’opposer à la réforme d’un système qui marche aussi mal), utilisent les pires arguments pour attaquer le projet de réforme de santé.

Système « communiste », mise en place de « tribunaux de la mort » administratifs qui décideraient si une personne a le droit d’être soignée ou non. Les opposants à la réforme du système de santé ne reculent devant aucune exagération pour la disqualifier. Les républicains utilisent cette réforme pour essayer d’abattre l’administration Obama, qu’ils souhaitent « Carteriser ». Certains démocrates modérés commencent à hésiter devant la violence des critiques et le risque de campagne négative.

Un pays difficile à réformer

La situation promet de rester difficile à la fois pour des raisons internes aux Etats-Unis. Tout d’abord, une majorité du pays est désormais opposée à la réforme. Les raisons sont simples. Selon un sondage YouGov cité par The Economist, 20% de la population pense profiter de la réforme, et 40% pensent y perdrent. Mais surtout, près de 70% des Américains pensent que le principal problème est le coût du système contre 25% qui pensent que le principal problème est la non couverture de 15% de la population.

Résultat, l’objectif premier de Barack Obama, même s’il l’a annoncé lors de sa campagne, est déconnecté des attentes de la population. Pire, toute tentative d’encadrement des dépenses de santé est prise pour une intervention insupportable de l’administration dans la vie des citoyens étasuniens et est immédiatement qualifiée de « communiste » ou « soviétique », l’insulte suprême. Résultat, le plan sur lequel travaillent les membres du Congrès et du Sénat s’éloigne de plus en plus des objectifs de Barack Obama.

Il finit par se concentrer sur des réductions de coût d’autant plus difficiles à faire accepter que tous les membres du Congrès et du Sénat craignent que leur vote ne soit ensuite brandi contre eux lors de campagnes publicitaires négatives déformant la réalité et qui pourraient les rendre responsables de la mort de telle ou telle personne. Les parlementaires ne travaillent pas sereinement.

Les erreurs de Barack Obama

Ce qui fait toucher à des choix discutables du président. Se souvenant de l’échec du plan d’Hillary Clinton, quand les Assemblées avaient refusé un plan concocté à la Maison Blanche, Barack Obama en a confié la réalisation aux députés et sénateurs. Mais, comme cela s’est passé pour le plan de soutien à l’économie et le plan climat, cela est la porte ouverte aux lobbys et aux craintes de campagne négative. Résultat, cette sous-traitance freine la réforme et donne le pouvoir aux démocrates conservateurs (les « blue dogs »).

Car le centre de gravité politique des Etats-Unis est resté très à droite malgré l’élection de Barack Obama. Contrairement à Franklin Roosevelt, qui n’avait pas hésité à tenir des propos extrêmement clivants, Barack Obama a tenu un discours très centriste, qui, s’il a l’avantage d’être plus difficilement attaquable en campagne, ne prépare pas le pays à des choix difficiles. Il porte une part de responsabilité dans le fait de ne pas avoir gagné un mandat plus précis et clair sur les changements qu’il souhaitait apporter.

Cette réforme peut faire ou défaire l’administration Obama. Le président étasunien l’a bien compris et met toute son énergie pour essayer de cadrer un débat parti dans des extrêmes déplorables.

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