Crisis Over? Careful— Those Cries of Victory Could Be Misplaced

<--

Fin de crise ? Attention aux cris de victoire déplacés

JUREK KUCZKIEWICZ

samedi 08 août 2009, 09:20

Le pire pourrait être derrière nous. » Toute conditionnelle qu’elle fût, la phrase clé de la brève allocution de Barack Obama ce vendredi sonne déjà comme un cri de victoire. Réjoui de ce que la progression du chômage en juillet ait pour la première fois été inférieure à celle du mois précédent, depuis le début de la crise en novembre 2008, le président américain s’est empressé d’attribuer à l’action de son administration le mérite de la sortie de crise qui semble

s’annoncer.

Pareil empressement appelle deux sérieuses mises en garde. Sur le plan purement américain d’abord. Barack Obama se trouve à un premier moment crucial de son mandat. La chute de sa popularité, qui n’est que très normale vu l’énormité des difficultés auxquelles il a eu à faire face, trahit un phénomène très particulier à un président très particulier : une partie de son électorat commence à douter de la capacité de celui-ci à délivrer un résultat à la hauteur de la gigantesque espérance qui l’a porté à la Maison-Blanche.

Voilà la raison pour laquelle Obama s’est précipité sur les premiers signes de renversement de la tendance économique, pour communiquer que la victoire est déjà aux portes. Ressouder autour de lui un soutien public sans lequel il ne pourra mener à bien ses grandes réformes, est, en termes politiques, crucial.

Dans le monde, et plus particulièrement chez nous, les dirigeants feraient bien de ne pas s’inspirer du dangereux exemple que vient d’esquisser le président américain. On ne peut évidemment qu’espérer que les signes d’outre-Atlantique soient prometteurs. Mais à supposer qu’il en soit ainsi, nous devons d’abord cultiver précieusement les enseignements de la crise : nos modèles de croissance doivent être sérieusement revus ; nos marchés financiers doivent être rappelés à une utilité économique qu’ils ont largement oubliée. Et en Europe en particulier, les taux de croissance naturels auxquels nous pouvons raisonnablement nous attendre, seront loin de satisfaire aux besoins sociaux et démographiques grandissants qui seront les nôtres. Dans cette perspective, quiconque criera victoire, à la première embellie, sera bien mal inspiré.

About this publication