Le mois d’août se termine mal pour Barack Obama. La dizaine de jours de vacances qu’il s’est octroyée ne sera pas de trop pour reprendre des forces et, surtout, pour se faire oublier un petit moment.
Adulé par les médias il y a encore quelques semaines, le président est devenu la cible de toutes les critiques, quoi qu’il fasse. Même le coût de sa semaine de congé dans l’île de Martha’s Vineyard, trop huppée au goût de certains, est passé à la loupe.
L’homme qui avait réussi à fasciner l’Amérique et à en transformer l’image dans le monde s’est pris les pieds dans l’ambitieuse réforme du système de santé, toujours aussi nécessaire et toujours aussi difficile à faire passer.
Il n’a pas su expliquer clairement ce qu’il voulait faire pour généraliser la couverture médicale aux 50 millions de personnes qui en sont démunies, tout en assainissant les comptes de l’assurance sociale.
Ses adversaires ne se sont pas privés de caricaturer son projet. Au gré des débats publics s’est installée l’idée qu’une médecine «socialiste» allait être imposée aux Américains, que l’avortement serait indemnisé, que l’euthanasie serait encouragée, que les immigrants illégaux seraient soignés gratuitement… Toute l’éloquence d’Obama n’a pas suffi à discréditer ces fausses affirmations.
Les sondages sont cruels : ils montrent que la réforme de la santé est rejetée par une majorité d’Américains et que la popularité du président s’effrite dangereusement.
La déception est au rendez-vous : Barack Obama serait-il meilleur lorsqu’il s’agit de faire rêver que quand il faut abandonner les généralités pour s’attaquer aux dures réalités ? Beaucoup se le demandent. Rétrospectivement, le bilan des premiers mois de sa présidence, quand sa popularité lui permettait de faire à peu près ce qu’il voulait, est plutôt maigre. C’est vrai en politique intérieure, mais aussi à l’étranger.
Au Proche-Orient, il n’a réussi ni à imposer à Israël un gel de la colonisation en Cisjordanie ni à obtenir des pays arabes des mesures de confiance pour encourager des négociations. S’il a changé le discours de l’Amérique vis-à-vis du monde musulman, on attend toujours une véritable initiative de paix.
Quant à l’Iran, sa politique de la main tendue ne peut durer indéfiniment sans réponse. Le moment approche où il devra choisir d’imposer des sanctions : encore faudra-t-il convaincre la Russie et la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU.
En Afghanistan, enfin, la nouvelle stratégie américaine doit être précisée. Entre les militaires qui demandent des renforts et les sceptiques qui voudraient réduire les ambitions de la mission, il va falloir trancher.
À son retour de vacances, Barack Obama va aborder un moment difficile sur chacun de ces trois dossiers très importants. À l’heure où il s’agit d’aller au-delà des grands principes généreux, il est dommage qu’il ait perdu tant de capital politique sur le plan intérieur. Mais il est vrai qu’il n’est jamais facile de gouverner en temps de récession.
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