Why is the U.S. Scrapping Missile Defense?

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Pourquoi les Etats-Unis renoncent-ils au bouclier antimissile ?

Le président américain Barack Obama a annoncé jeudi 17 septembre une « nouvelle approche » du projet de défense antimissile américain en Europe. Ce système était destiné à prévenir les États-Unis contre un éventuel tir de missile iranien et reposait sur l’installation d’une base radar en République tchèque et de missiles en Pologne. Le Pentagone a indiqué avoir « revu à la baisse » la menace iranienne, même si celle-ci reste « importante ». Washington a en revanche annoncé son intention de déployer des missiles en Pologne et en République tchèque en 2015

Laurence Nardon, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri)

« Cette décision est un revirement dans les relations des États-Unis avec l’Europe centrale et avec la Russie. Elle est aussi un résultat de l’appréciation américaine du danger iranien. Tout d’abord, ce bouclier était vécu comme une menace par la Russie, même s’il n’était pas officiellement tourné contre elle. Il ne contribuait pas à améliorer les relations entre Moscou et Washington, relations déjà difficiles. L’administration Obama s’efforce d’arrondir les angles avec beaucoup de partenaires étrangers, dont la Russie. Il existe une volonté manifeste de renouer le dialogue avec Moscou.

Ensuite, il faut se rendre compte que la République tchèque et la Pologne considéraient le fait d’accueillir des bases américaines sur leur sol à la fois comme un honneur et comme une protection contre la Russie. Dès lors, ces deux pays sont forcément déçus.

C’est donc aussi un changement de stratégie, car George W. Bush opposait facilement la « vieille » Europe, celle de l’Ouest, à la « nouvelle » Europe, celle du Centre. Barack Obama n’est pas dans cette optique.

Les États-Unis veulent avoir plusieurs fers au feu

Enfin, les États-Unis indiquent que ce projet de bouclier doit être remplacé par un système plus léger. Cela est révélateur de ce que pense Washington de la menace iranienne. Ce bouclier était destiné à se protéger contre d’éventuels missiles iraniens.

Mais il semble que les services de renseignement américains estiment que l’Iran ne travaille pas sur des missiles à longue portée, mais plutôt à moyenne et courte portée, susceptibles de frapper Israël, la Turquie ou d’autres pays du Moyen-Orient. Il y a donc une justification à se doter d’un système plus petit. Les États-Unis veulent avoir plusieurs fers au feu.

Ils adaptent leur système de défense, en même temps qu’ils font à l’Iran une offre de dialogue. Et en arrangeant leurs relations avec la Russie, ils peuvent espérer que Moscou les aide à faire rentrer l’Iran dans le rang. »

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