Chicago: Slap in the Face

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Oui, c’est une claque, une claque gigantesque. Malgré l’engagement personnel de Barack Obama pour une ville qui a été le berceau de sa carrière politique, Chicago a été éliminée dès les premiers votes du comité international olympique, avant même Tokyo, et n’était pas même en lice contre Rio de Janeiro, choix final pour les jeux de 2016.

Ce camouflet entache moins le Président qu’il ne démontre d’abord à quel point l’Amérique est aujourd’hui dans les choux, fragilisée par la pire crise depuis les années 30, porte parole d’un modèle décrié, et pour certains, en désuétude, face à une puissance jeune et émergeante, le Brésil, qui peut faire de ses jeux le moteur d’une révolution urbaine et le vecteur d’une nouvelle image.

Le croirait-on ? Les Etats-Unis ont sûrement pâti du manque d’envergure de leur projet pour 2016. Le dogme du financement privé de la gigantesque manifestation sportive augurait d’une réédition d’Atlanta en 1996. Je me souviens d’ailleurs de mon irritation à l’époque devant la pingrerie mercantile des organisateurs. Les rares espaces ouverts gratuitement au public se limitaient au parvis du stade et à Centennial Park, une plaque de béton avec ses pauvres jets d’eau, transformé en lieu de kermesse minable décoré par les seules guitounes des sponsors.

Il y avait bien les installations sportives, de premier ordre ; mais il manquait le souffle d’une nation, l’investissement d’un Etat, la vitrine d’une culture qui dépasserait les pubs de l’enfant du pays Coca Cola.

Chicago n’est pas Atlanta. La mythique capitale du Mid Ouest est une ville sublime, puissante et méconnue qui méritait son heure de gloire internationale et un peu plus d’égards qu’une éviction en quart de finale. L’équipe d’Obama, en grande partie issue de « Windy City » était comme lui, certainement animée par un dessein politique, un renvoi d’ascenseur dont j’ai parlé, mais aussi par le souhait un recentrage, tant géographique que culturel, vers le cœur négligé de l’Amérique, dont seules les côtes Est et Ouest semblent avoir droit de cité. Ils ont commis pourtant l’erreur grave de trop « mouiller » leur Président dans la promotion de Chicago. La présence d’Obama à Copenhague devait être le dernier coup de pouce décisif pour une candidature de haut vol. Or cette dernière, on le découvre aujourd’hui, n’avait aucune chance.

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