Polanski, Lies and Videotape

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J’ai vu vendredi soir le documentaire « Polanski ; Wanted and Desired », et c’est sans nul doute le meilleur travail journalistique jamais fait sur les conditions de son inculpation, les errements bizarrissimes de la justice, et surtout sur le cirque médiatique et les mentalités de l’époque. Le film de Marina Zenovich n’est pas tendre pour Polanski, mais limite les commentaires sur ces actes aux minutes (épurées) de ses auditions et de celles de la victime devant le fameux juge Laurence Rittenband.

Il contient les interviews de tous les protagonistes de l’affaire, sauf le juge, décédé en 1994. On y voit entre autre David Wells, l’un des procureurs de l’époque, assurer avoir discuté avec le juge du meilleur moyen d’envoyer Polanski en prison sans risquer de voir le procès tourner à l’avantage de l’accusé, une star révérée à l’époque.

Or David Wells vient d’annoncer voila quelques jours sur CNN qu’il avait menti devant la caméra de Zenovich, « pour se rehausser dans cette histoire » et « parce qu’il croyait que le documentaire, commandité par des Français, ne serait jamais diffusé aux Etats-Unis ». Vous avez dit bizarre ?

Ses propos initiaux ont été utilisés cet été par les avocats de Polanski lorsque ces derniers tentaient de faire annuler les poursuites contre leur client en prouvant l’inéquité du juge. La défense de Polanski tombe t-elle à l’eau ? Je ne le crois pas.

Tous les témoins interviewés, y compris le procureur principal, un mormon nommé Roger Gunson, sont prêts à confirmer que Laurence Rittenband n’était mu, tout au long de ces arguties, que par un souci de promotion personnelle. Sa réputation, son ego, sa peur d’apparaître tour à tour trop faible ou trop sévère envers Polanski ont perverti totalement la procédure et expliquent la fuite de Polanski.

Rittenband était revenu sur son engagement de n’envoyer Polanski en prison que pour une courte évaluation psychologique après avoir vu une photo montrant le réalisateur entouré de nanas à une table de la Oktoberfest en Allemagne, où il était autorisé à terminer un film. L’image donnait l’impression que le juge avait été berné par l’accusé, qui semblait profiter de son sursis pour s’envoyer en l’air.

Wells assurait aussi avoir montré cette photo au juge. Il le nie aujourd’hui. Et peu importe.

Ces démentis s’expliquent, je crois, simplement. Ces relations occultes d’un procureur avec un juge sont illicites, et exposeraient Wells à de graves ennuis si elles étaient exposées officiellement pendant un procès, même trente ans plus tard. Autre point : si Wells regrette tant d’avoir parlé, c’est parce qu’il est convaincu que Polanski va être extradé aux Etats-Unis.

Enfin, je trouve toujours incroyable, et toujours révélateur du délire médiatique qui entoure cette affaire depuis 1977, qu’un documentaire, aussi bon soit-il, puisse devenir une pièce centrale d’un procès. J’oubliais un autre sombre augure : les dénégations de Wells ont été rediffusées et commentée, la première fois, sur le blog de Marcia Clark. L’ancienne procureur du procès d’O.J. Simpson…

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