“Gitmo” Again

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Le 22 janvier, au deuxième jour de sa présidence, Barack Obama signait solennellement le décret de fermeture du centre de Guantanamo, ce symbole accablant, depuis 2002, de la présidence de George Bush. “L’exemple moral de l’Amérique doit de nouveau être le fondement de notre leadership mondial”, lançait alors le président américain, avant de préciser que cette fermeture serait effective dans un délai d’un an.

Cet engagement pourra-t-il être tenu ? Rien n’est désormais moins sûr. Alors qu’il reste toujours 223 détenus dans la base américaine installée à Cuba, la complexité juridique du dossier, les tergiversations de l’administration Obama et la guérilla engagée par les républicains au Congrès font peser de sérieuses incertitudes.

Il est vrai aussi que M. Obama n’est guère aidé, en l’occurrence, par les Européens. En décembre 2008, Paris, Berlin et d’autres capitales s’étaient engagées à l’aider à fermer Guantanamo en accueillant des prisonniers libérables et jamais condamnés. De prétendus terroristes détenus plusieurs années sans que la justice américaine soit parvenue à retenir de charges suffisantes contre eux. Ou parce que d’éventuelles preuves avaient été obtenues sous la torture. Ces prisonniers ne pouvaient, en outre, être renvoyés sans danger vers leur pays d’origine.

Belle démonstration de solidarité envers le jeune président américain, au nom des idéaux de l’Union ! Mais les Européens se sont ensuite divisés. Certains ont affiché leur hostilité de principe, d’autres (dont la France, la Grande-Bretagne et l’Espagne) ont maintenu le cap. Un troisième camp craignait que le débat sur l’accueil des détenu ne relance celui sur le scandale des vols secrets de la CIA, dans lequel plusieurs Etats ont trempé sans jamais l’avouer.

Les Européens se sont finalement réunis autour de trois idées. Un nombre réduit d’ex-détenus serait accueilli – une quarantaine ? – à condition que les Etats-Unis accordent eux-mêmes des titres de séjour à d’anciens prisonniers et qu’ils s’engagent à respecter des valeurs communes dans la lutte antiterroriste. Ces principes devaient être énoncés dans une déclaration commune qui n’a toujours pas vu le jour.

Des deux côtés de l’Atlantique, chacun a donc mésestimé la difficulté de ce dossier empoisonné. Mais cela ne saurait servir d’alibi au renoncement. Les Européens se doivent de respecter leurs engagements, voire de les amplifier, s’ils ne veulent pas apparaître velléitaires ou pusillanimes.

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