Why Him? Why Now?

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Pourquoi lui? Ou plutôt, pourquoi maintenant déjà? L’histoire des Prix Nobel de la paix est semée de décisions critiquées, mais celle-ci va être une des plus controversées. Pire, elle risque d’être contre-productive.

Malgré la sympathie qu’inspire Barack Obama dans le monde, le fait est qu’il n’a encore rien prouvé. Certes, l’élection du premier président américain noir fut un symbole magnifique – mais dans ce cas, c’est au peuple américain qu’il fallait donner le prix. Sans doute, les discours de Barack Obama sont ciselés et impressionnants, mais ce ne sont pas encore des actes, encore moins la conséquence de ces actes.

Si on observe la politique étrangère du président – du moins ce qu’on en a vu jusqu’ici, qui ne suffit pas à tirer quelque bilan que ce soit – on voit d’abord un homme très emprunté sur les deux dossiers les plus brûlants du moment: le Proche-Orient et l’Afghanistan. Dans le premier cas, Barack Obama s’est fait moucher par les Israéliens à fin septembre et cherche pour l’instant une façon de rebondir. Dans le second, il consulte sur l’avenir d’une force internationale qui n’arrive plus à juguler les rebelles et cautionne un régime corrompu.

Si on observe sa politique intérieure, on voit des chantiers (santé, climat) qui, pour l’instant, prennent du retard tandis que, si Wall Street reprend des couleurs, le dollar chute et l’économie réelle des Etats-Unis ne se porte pas mieux qu’il y a un an, avec un chômage approchant les 10%.

Il en résulte un climat politique tendu. Les attaques ont gagné en violence cet été et ne diminuent pas d’intensité. Dans ces conditions, le Nobel de la paix risque d’attiser les tensions plus qu’il ne les calmera. On entend déjà l’usage qu’en feront les télévisions et radios néo-conservatrices. Paradoxalement, ce prix qui doit célébrer un rassembleur,va probablement polariser.

Il sera lourd à porter pour le principal intéressé. Ce n’est déjà pas facile d’être le dirigeant de la première puissance mondiale, à la fois point focal d’espoirs immenses qui ne peuvent être qu’en partie déçus, et entravé de toutes parts par un système politique très contraignant. La sanctification par le Nobel n’arrange rien à l’affaire.

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