A Poisoned Gift

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Un beau cadeau… empoisonné

pascal baeriswyl

Quel point commun entre Martin Luther King, Anouar el-Sadate, Yitzhak Rabin, Mikhaïl Gorbatchev, Yasser Arafat et Willy Brandt? Le Nobel de la paix? Bingo! En effet, tous ont été des superstars politiques mondiales, avant d’être honorés par le Comité d’Oslo. Mais tous – à des degrés divers – ont également mal fini: assassinés, déboulonnés, trahis ou discrédités…

Autant dire que le prix décerné hier à Barack Obama en rappelle d’autres. Différence notable, cependant: pour une fois les lauriers ne couronnent pas une vie, un acte historique, mais l’incarnation d’une espérance. Un «prix d’encouragement», en quelque sorte.

Vu du côté Obama, ce prix a néanmoins tout du cadeau empoisonné. Car, être désigné «icône de la paix», avant même une quelconque percée dans les gros dossiers de sécurité internationale, pourrait vite devenir un handicap pour le jeune président. De quoi faire aussi rapidement des déçus…

On imagine déjà la récupération possible, dans certains pays, si demain les Etats-Unis renonçaient à leur «main tendue» vers l’Iran ou la Corée du Nord pour ressortir leur «gros bâton». De colombe, Obama se transformerait aussitôt en vautour, en symbole nobélisé de la «duplicité» occidentale, en grand traître de la cause pacifiste.

Conscient de l’impact à durée limitée de son prix, le jury n’a donc pas attendu qu’Obama ait subi ses premières déconvenues pour l’asseoir, déjà, à la table des leaders ayant incurvé l’Histoire. Reste donc à concrétiser les espoirs placés dans ce choix. Pour le chef d’Etat américain, c’est là un lourd défi supplémentaire à relever. L’homme en a les moyens intellectuels, sans doute, les instruments politiques, peut-être, mais en aura-t-il seulement le temps?

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