Edited by Alex Brewer
Obama, l’Homme qui a sauvé l’Occident
Tous les commentateurs de presse sont unanimes pour, à la fois, approuver le prix Nobel attribué à Barack Obama et le considérer comme un «encouragement» pour l’avenir plus qu’une récompense pour le passé, le président, estime-t-on, n’ayant eu le temps de rien faire d’important depuis sa récente élection. Tous les commentateurs, occidentaux en tête. Or, il me semble que le bilan de Obama existe déjà. Il tient justement à sa capacité d’avoir été élu ! Que peut-il faire de mieux ? Son élection est d’une importance capitale, vue d’Occident. Elle se suffit à elle-même. George Bush avait le mauvais rôle, celui de venger une Amérique agressée le 11 septembre et de lui redonner, par la force brutale contre l’irak, son prestige militaire. Aux yeux des Musulmans et du monde entier. Le doute s’est largement dissipé aujourd’hui et l’Amérique est de nouveau la superpuissance qu’il faut craindre. Mais cette entreprise s’est accompagnée par un effondrement moral. L’Amérique fait peur, mais on ne l’aime plus. Quelque chose de cette nature s’est brisée sous G. Bush. On doit bien comprendre deux choses : d’une part, le secret de la puissance américaine ne réside pas que dans sa force, mais dans l’attrait (voir la fascination) que son modèle de vie inspire, et, d’autre part, ce qui affecte l’Amérique affecte l’Occident tout entier dont elle est l’exemple et le leader. Et voilà que Obama est élu président des Etats-Unis. Au moment où l’Amérique est en désaveu dans le monde, c’est un «homme du monde» qui en devient le chef. Noir et blanc tout à la fois, chrétien et musulman, américain et africain, politicien et intellectuel, naïf et redoutable, il résume à lui seul le monde et cette Amérique idéalisée qui s’en prétend le miroir et propriétaire. Hier, nous pouvions détester l’Amérique parce que nous détestions Bush. Aujourd’hui, nous sommes tous obligés d’aimer l’Amérique parce que nous ne pouvons plus, à moins d’être de parfaits racistes américains, ne pas aimer Obama. Voilà ce que le prix Nobel a récompensé. Les Norvégiens du jury ont bien senti qu’ils se récompensaient eux-mêmes, à la fois leur institution et le monde occidental, en choisissant celui qui est le seul homme sur terre actuellement à le mériter. Obama a sauvé l’Occident en sauvant, de lui-même, son propre pays. Que peut-il faire de plus ? Les Chinois ou les Russes savent désormais qu’ils ne doivent pas compter sur le discrédit moral de leur grande rivale américaine pour espérer se substituer à elle dans un avenir prévisible. Quant aux Musulmans, habitués à être traités par la force, ils peuvent espérer à présent avoir un interlocuteur influent pour les écouter. Il ne leur reste plus qu’à comprendre comment le monde fonctionne et s’y intégrer. Le discours du Caire prononcé par Obama pourra les y aider.
Par Aïssa Khelladi
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