Polanskalifornia

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Je suis revenu ce week end de Los Angeles, où je suivais le versant Californien de l’extradition de Polanski. Ce dernier ne comparaîtra pas comme en 77 et 78 à la Superior Court de Santa Monica. Ce tribunal ne traite plus d’affaires pénales ; Il a l’air esseulé et assoupi comme une sous-préfecture, à deux pas de la mer, sur la troisième rue, entre la Mairie art deco et le bâtiment neuf, design mais discret, de la célèbre Rand Corporation. 32 ans ont passé. Le cirque médiatique de l’époque, la course du petit peloton de cameramen en pantalons pat def, visible sur les images d’archives, aurait presque des côté bon enfant au côté de ce qui s’annonce, l’embouteillage de camions satellites, les directs haletants des 24 hour news lors de l’inévitable comparution de Polanski.

L’audience aura lieu sur Temple Street, dans l’énorme immeuble de la Superior Court de downtown Los Angeles, une usine judiciaire en forme de bunker à micro fenêtres où la moitié de la mégalopole semble se bousculer dès 8 heures du matin devant les portiques de sécurité, avant de rejoindre les prétoires empilés sur 10 étages.

Polanski comparaîtra au 13ème étage, Department 100, devant le Juge Peter Espinoza, qui s’est déjà chargé du recours du réalisateur en janvier 2009. Ce dernier, franchement, est plutôt bien tombé. Espinoza, avec ses moustaches de Mariachi et ses jolis nœuds papillons, est l’un des juges les plus respectés du conté de Los Angeles ; un « supervising Judge » nommé best Judge en 2003 par le barreau des avocats mexicain-américains et médaillé par la Criminal Court Bar Association. L’un des quatre enfants d’une institutrice de Los Cerritos, Espinoza a été longtemps avocat commis d’office dans le conté, et à ce titre, un fervent défenseur de l’égalité des minorités devant la justice. Un type raisonnable, rigoureux, attentif et courtois, connu pour sa phobie des mondanités californiennes, qui a été nommé en 2001, et non élu à son poste, et n’a aucun intérêt personnel ou politique à matraquer particulièrement le prévenu Polanski.

On parle beaucoup, ici d’une possibilité de « probation ». Une condamnation assortie d’un sursis, ou même d’une annulation complète de la procédure de 1978, viciée par les délires du juge de l’époque Laurence Rittenband. Mais la condition sine qua non reste le retour du fugitif à Los Angeles. Si des tractations ont lieu en coulisse avec le département de la justice à Washington, aucun deal ne peut être conclu avec le juge, et encore moins avec les procureurs tant que Polanski n’est pas revenu. A suivre

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