America Basks in Its “Achievements”

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L’Amérique redémarre en fanfare. Après sa plus longue récession depuis les années 1930, l’activité de la première puissance économique mondiale repart trois fois plus vite qu’en France ou en Allemagne. La croissance a été de 0,9 % au troisième trimestre (ou 3,5 % en rythme annuel, comme le disent les Américains), alors qu’elle n’avait atteint que 0,3 % chez nous lors de la sortie de récession, qui avait eu lieu trois mois plus tôt. Le président Obama n’a pas pu se retenir d’y voir « l’indication que cette récession est en train de se dissiper et que les mesures que nous avons prises ont fait la différence », comme un vulgaire gouvernant européen. Christina Romer, qui dirige son comité des conseillers économiques, a été plus mesurée. Tout en saluant des signes encourageants, elle a souligné que l’économie est loin de créer à nouveau des emplois, dans un pays qui compte plus de 15 millions de chômeurs pour la première fois de son histoire. Elle a d’excellentes raisons d’être prudente. La moitié de la croissance vient de la prime à la casse, qui a disparu du paysage fin août. La deuxième cause du dynamisme est l’immobilier, dopé par la baisse des taux d’intérêt et le crédit d’impôt accordé à ceux qui achètent une maison pour la première fois. Autrement dit, le redémarrage vient bien des mesures gouvernementales, mais leur effet sera éphémère. En commençant à reconstituer leurs stocks, les entreprises ont, elles aussi, soutenu l’activité. Ce rebond technique va se poursuivre, mais pas très longtemps.

Si la récession est finie, la crise, elle, continue. D’une part, les Américains veulent se désendetter. Et, pour ce faire, il n’y a qu’une solution : épargner davantage… et donc moins dépenser. En un an, les particuliers ont déjà réduit leur endettement de près de 150 milliards de dollars. Mais leur montagne de dettes dépasse encore de 2.500 milliards son niveau d’il y a cinq ans. D’autre part, le commerce extérieur est incapable de prendre le relais de la demande intérieure pour tirer la production. Pendant l’été, les importations ont davantage progressé que les exportations. La sortie de récession va donc paradoxalement relancer aux Etats-Unis le débat sur le prochain plan de relance, malgré un plan de 800 milliards de dollars déjà voté et un déficit public qui aura explosé à 1.400 milliards cette année. Un débat qui risque d’être d’autant plus vif que 2010 est une année d’élections. Mais une fuite en avant dans l’endettement public ne sauvera pas l’Amérique d’une catastrophe engendrée par une fuite en avant dans la dette privée.

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