La volte-face de GM avec Opel n’est qu’une demi-surprise
PHILIPPE DE BOECK
jeudi 05 novembre 2009, 07:26
Autant le dire d’entrée de jeu, la décision de General Motors de ne pas (de ne plus) vendre Opel n’est pas vraiment une surprise. Quand une entreprise a réellement besoin (ou envie) de céder des actifs, elle va jusqu’au bout du processus. Après dix mois de tergiversations et deux « oui mais » enlevés à l’arraché pour des raisons bassement politiques par le gouvernement allemand, Merkel en tête, le conseil d’administration de GM a finalement préféré annuler la vente de sa filiale européenne à Magna-Sberbank.
Car, en dix mois, il s’en est passé des choses… Tout d’abord, le plus dur de la crise financière internationale semble derrière nous. GM, qui était au bord du gouffre au début de l’année, va beaucoup mieux, notamment grâce à un passage forcé par le dépôt de bilan. Grâce à la loi américaine sur les faillites, le fameux « Chapitre 11 », les compteurs du groupe (criblé de dettes), ont été remis à zéro en juin. A coups de milliards d’aide, l’Etat fédéral américain est devenu le principal actionnaire de GM. New GM n’a plus grandchose en commun avec l’antique General Motors Corporation. S’il s’en défend régulièrement, il est évident que le poids du gouvernement de Barack Obama a pesé dans la balance ; entre autres pour éviter un transfert de technologies vers la Russie.
Depuis la réélection d’Angela Merkel comme chancelière, il était de plus en plus clair que le scénario Magna avait du plomb dans l’aile. Alors que l’équipementier canadien continuait sa tournée des différentes usines pour négocier son plan de restructuration, plusieurs événements ont fait pencher la balance du côté du statu quo.
Le coup déterminant est venu de la Commission européenne qui a forcé le gouvernement allemand à déclarer par écrit que les 4,5 milliards d’euros d’aide publique n’étaient pas réservés exclusivement à Magna. Et quand un ministre allemand a calculé, la semaine dernière, que la restructuration d’Opel coûterait 1,5 milliard d’euros en moins si Opel restait aux mains de GM, la messe était dite.
Après des mois et des mois d’incertitude, les travailleurs d’Opel vont enfin être fixés sur leur sort. C’est la moindre des choses, mais ce sera douloureux.
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