Obama in Beijing

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Edito du Monde

Obama à Pékin

LE MONDE | 18.11.09 | 13h52

Comment dit-on ingrat en chinois ? La question a dû taquiner Barack Obama au moment de quitter Pékin, mercredi 18 novembre, après quatre jours d’une première visite officielle en Chine. Car, à première vue, le président américain n’a pas été payé de retour pour le ton nouveau qu’il a adopté à l’adresse de la Chine.

M. Obama juge que la relation américano-chinoise façonnera le XXIe siècle. Il a parlé de la Chine comme d’un partenaire, pas comme d’un rival des Etats-Unis. Il s’est attaché à ne pas donner de leçon, notamment au chapitre des droits de l’homme : s’il a souhaité que Pékin reprenne le dialogue avec les dirigeants religieux du Tibet, il a pris soin de ne pas recevoir le dalaï-lama avant son voyage ; durant sa visite, il n’a rencontré aucune personnalité libérale chinoise ou de courageux avocats qui cherchent à redresser le sombre bilan de leur pays en matière de libertés.

Qu’a-t-il obtenu en retour ? Publiquement, pas grand-chose. Rien sur l’Iran : les dirigeants chinois ne veulent pas entendre parler de nouvelles sanctions pour obliger la République islamique à se conformer à ses obligations nucléaires. Rien sur la Corée du Nord : principal soutien du régime de Pyongyang, Pékin ferme les yeux sur les agissements les plus menaçants des Nord-Coréens.

M. Obama a raison de parler d’égal à égal avec la Chine : en vingt ans, celle-ci est devenue un partenaire économique indispensable de l’Amérique. C’est une relation dialectique. Le consommateur américain achète une grande part de ce que fabrique “l’atelier du monde” – et, ce faisant, ledit consommateur s’endette. La Chine achète la dette américaine – sous forme de bons du Trésor américains -, finançant les déficits de l’Amérique. Si les Etats-Unis ferment leurs frontières, l’équilibre social de la Chine est menacé ; si Pékin cesse de souscrire aux émissions du Trésor américain, l’équilibre financier des Etats-Unis est menacé… Cette relation structurelle est malsaine : l’accumulation de dollars d’un côté, de dettes de l’autre est l’un des grands déséquilibres qui a favorisé la crise économique et financière actuelle.

La visite de M. Obama n’a pas représenté l’émergence d’un duopole américano-chinois qui dicterait sa conduite au monde. Au contraire, elle a mis en relief la profondeur des différends entre les deux pays. Washington reproche le maintien d’un taux de change sous-évalué du yuan ; les Chinois dénoncent les tentations protectionnistes américaines. Ils parlent d’égal à égal, certes. Mais pour faire quoi exactement ?

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