Obama Not Following Through with Logic of War

Edited by Patricia Simoni

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M. Obama ne va pas au bout de la logique d’une guerre limitée à Al-Qaida

Barack Obama a pris la décision la plus difficile de sa première année à la Maison Blanche, et peut-être de sa présidence: envoyer de plus en plus de soldats américains combattre en Afghanistan, pour défendre l'”intérêt national” et la “sécurité” des Etats-Unis. L’opposant à l’invasion de l’Irak est devenu, en prononçant mardi 1erdécembre son discours à West Point (Etat de New York), un chef de guerre.

Dans la vision de la guerre de M.Obama, il existe deux différences notables avec George Bush. La première est qu’il précise haut et fort qu’il souhaite retirer l’armée américaine d’Afghanistan aussi vite que possible, ce qui peut aider à rompre avec le sentiment, répandu dans le monde musulman, que les Etats-Unis veulent occuper des pays étrangers. La seconde est qu’il affirme clairement que le problème afghan est, en réalité, un problème afghano-pakistanais, ce qui avait tendance à être occulté.

M. Obama, qui avait l’air si sombre à West Point, donne toutefois l’impression de ne pas être convaincu de la justesse de sa stratégie. Il a hésité de longs mois. On sent qu’il devient chef de guerre à contrecœur. Le président américain n’est en fait pas allé au bout de la logique qu’il exprimait clairement durant sa campagne électorale: retirer l’armée américaine d’Irak et se concentrer sur le combat contre Al-Qaida. Car il aurait alors fait un double constat: premièrement, qu’aucune trace d’Al-Qaida n’a été décelée en Afghanistan depuis la chute des talibans fin 2001; deuxièmement, que ce n’est pas avec une armée de 100000 hommes que l’on combat Al-Qaida.

Qu’est-ce qu’Al-Qaida? Ce sont 200 à 500 hommes cachés au Pakistan, et quelques relais dispersés sur la planète, du Yémen à l’Algérie en passant par la Somalie. Comment combat-on Al-Qaida? Par des opérations de renseignements, de police, et à l’extrême limite, comme MM.Bush puis Obama le font avec un certain succès dans les “zones tribales” pakistanaises depuis mi-2008, par des opérations militaires ciblées menées avec les drones des services secrets.

L’ERREUR INITIALE

Non seulement Barack Obama n’est pas allé au bout de la logique consistant à limiter l’action guerrière des Etats-Unis au combat contre Al-Qaida, mais ni lui ni ses alliés n’osent mettre en doute ce qui fut sans doute l’erreur initiale en Afghanistan: le déploiement militaire de l’OTAN.

Après les attentats du 11septembre 2001, la communauté internationale s’était accordée sur un objectif clair: chasser les talibans du pouvoir parce qu’ils accordaient l’asile à Al-Qaida, et traquer les djihadistes partout dans le monde. La première étape fut réalisée en quelques semaines, sans déploiement de forces étrangères. Ce sont les moudjahidins afghans qui ont vaincu les talibans, avec le soutien de quelques unités des forces spéciales et des bombardiers américains. Fin 2001, aucune présence talibane ou d’Al-Qaida n’existait plus en Afghanistan.

Pourquoi avoir alors déployé des armées étrangères qui se sont attirées l’hostilité de la population, ont contribué à créer de nouveaux ennemis, et ont servi d’aimant, comme l’armée russe en son temps, à tous les volontaires souhaitant entrer en djihad? En ne posant pas la question de la légitimité initiale de la présence militaire étrangère en Afghanistan, M.Obama ne va pas au bout de la rupture avec les années Bush.

Rien ne dit que sa stratégie afghane est a priori vouée à l’échec. Peut-être les renforts militaires permettront-ils de regagner du terrain conquis depuis trois ans par les talibans. Ce qui est primordial n’est pas tant le nombre de soldats que les missions qu’on leur ordonne, et peut-être la stratégie de contre-insurrection des généraux David Petraeus et Stanley McChrystal portera-t-elle ses fruits. Peut-être les forces afghanes seront-elles bientôt prêtes à combattre les talibans… Mais rien ne dit non plus que la prolongation d’une stratégie erronée ne va pas mener au désastre.

Reste le cœur et le nerf de la guerre: le Pakistan. C’est là, quelle que soit la stratégie afghane de Washington, que se joue la lutte contre Al-Qaida. M.Obama a le mérite de le souligner. Depuis un an, la situation a évolué au Pakistan. L’armée s’attaque enfin aux sanctuaires talibans et djihadistes. Et les Etats-Unis semblent y avoir intensifié leurs opérations clandestines. Cette guerre-là ne nécessite ni longs débats politiques, ni envoi de soldats, et ne fait pas les titres des journaux: c’est pourtant là que les véritables ennemis des Etats-Unis et de la communauté internationale, les djihadistes d’Al-Qaida, seront vaincus ou pas.

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