Peace to the Sound of the Bugle, and War Under the White Flag

Edited by Stefanie Carignan

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Vite venu, vite parti, l’invitation au déjeuner traditionnel avec le roi de Norvège snobée, et la non moins traditionnelle marche aux flambeaux en son honneur brossée : c’est peu dire que Barack Obama a voulu échapper aux tralalas autour de son prix Nobel de la paix. Il n’avait pas caché sa gêne lors de l’annonce du prix, il en a fait l’étalage à Oslo : mais pourquoi dès lors avoir accepté cette distinction, si c’était pour la cacher sous le plastron en prenant ses jambes à son cou ?

Bien sûr, dans son discours d’hier, Barack Obama s’est tiré avec maestria de la contradiction symbolisée par la tache d’encre laissée sur le diplôme par un stylo mal revissé, après la signature de l’ordre de mission à 40.000 troupes supplémentaires pour l’Afghanistan. « Il faut parfois faire la guerre, pour obtenir la paix » : on l’a bien retenu des Romains, en effet, qui ont beaucoup pratiqué la première pour obtenir parfois la seconde.

La rhétorique, toutefois, dont le président américain a désormais remporté tous les prix possibles, permet de s’extirper de beaucoup de pièges, mais elle génère les siens quand on en abuse. Il y a neuf jours, Barack Obama a annoncé son plan d’intensification de la guerre aux talibans, tout en détaillant de façon extrêmement cérébrale les contre-arguments, et en fixant lui-même un calendrier très, voire trop court à ce qu’il a vendu comme une dernière tentative militaire. Après George Bush, l’étalage des doutes qui ont mené à une décision de guerre, passe évidemment pour courageux et louable. Mais il faut aussi reconnaître une vérité pas très bonne à dire. L’appel à la guerre demande un engagement émotionnel d’autant plus grand, que la justification en est difficile : emmener des jeunes de 20 ans à la guerre en leur parlant comme Bossuet, pose la même question de crédibilité qu’un discours de paix qui prône la guerre, fût-elle « juste ».

Il est un temps pour les discours de paix, et un temps pour les discours de guerre. Le risque est grand qu’après, sinon à cause de ces discours qui justifient l’un par l’autre et inversement, Barack Obama n’obtienne ni une guerre réussie ni la paix. Ne restera alors qu’une médaille Nobel tragiquement ironique.

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