Il est rare qu’un Prix Nobel de la paix reçoive sa distinction en se faisant l’avocat des « guerres justes » à mener pour défendre la concorde mondiale. Face à la controverse suscitée par ce prix, octroyé avant même qu’il ait obtenu de résultat, Barack Obama ne pouvait se contenter de remerciements convenus.
Un double piège lui était tendu. Il lui fallait, d’abord, accepter de bonne grâce les éloges du prestigieux jury, mais sans se prendre au jeu et sans donner l’impression de profiter d’une popularité bien supérieure à l’étranger qu’aux États-Unis. Il lui fallait, ensuite, se démarquer
des aspirations pacifistes des Nobel, pour ne pas prêter le flanc aux critiques de ceux qui jugent naïve son approche consensuelle des questions internationales.
Barack Obama a donc profité de la tribune qui lui était offerte pour prononcer un de ces discours fondateurs qui sont sa marque. Le recours à la force peut être « nécessaire et moralement justifié » parce que « le mal existe sur la terre », a-t-il expliqué, répondant à ceux qui trouvent trop idéaliste sa vision du monde.
L’objectif restait de marquer sa différence avec son prédécesseur, en apportant sa réponse à la doctrine de « guerre préventive » si imprudemment appliquée à l’Irak par George W. Bush. Pour Obama, la guerre doit être menée en suivant « des règles de conduite » qui « nous distinguent de ceux que nous combattons » et permettent à l’Occident de défendre ses valeurs. D ‘où sa décision d’interdire la torture et de fermer Guantanamo.
Il y avait aussi dans son discours une mise en garde à l’Iran, mais rien de belliqueux. « Les nations qui brisent les règles du jeu doivent être tenues responsables de leurs actes. Elles s’exposent à des sanctions qui doivent avoir un prix réel », a-t-il dit, tout en reconnaissant que la pression ne serait efficace que lorsque le monde serait vraiment uni.
L’attribution du prix Nobel de la paix, dans des circonstances controversées, aura permis à Barack Obama de préciser sa pensée sur un sujet aussi grave que la guerre et la paix.
Une fois de plus, son propos sans faille est destiné à satisfaire un peu tout le monde, des partisans des droits de l’homme aux défenseurs de la sécurité nationale. Mais, après le temps des discours, c’est sur ses actes que sera jugé Obama.
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